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trop douteuse et trop lente : on corrige l’effet que l’on veut combattre en lui faisant produire un effet contraire ; les deux causes opposées se choquent confusément, mais rien n’établit entre elles un équilibre rigoureux et ne balance exactement leur contrariété pour donner une solution précise. La vitesse d’ailleurs ne peut être modérée que par l’écartement des boules, qui en suppose l’accroissement préalable. L’inégalité est donc imparfaitement corrigée, et elle n’est pas prévenue. M. Foucault, profitant d’une idée déjà émise par l’habile constructeur M. Meyer de Mulhouse, s’est proposé de rendre la vitesse de rotation de l’appareil indépendante de l’angle d’écartement, et de diminuer pour cela le poids des boules par un contre-poids dont l’action augmente quand l’écart est plus grand ; il a trouvé les conditions précises d’une compensation rigoureuse, et des dispositions diverses permettent de les réaliser mathématiquement avec une parfaite justesse : il suffirait par exemple de faire descendre le contre-poids sur la courbe tant de fois rencontrée depuis Huyghens par les mécaniciens géomètres, et que l’on nomme cycloïde. Cette disposition donnerait un instrument théoriquement parfait, comme le pendule cycloïdal d’Huyghens, mais il n’a pas plu à M. Foucault de l’adopter ; c’est chez lui une maxime absolue, que dans un appareil durable et précis on ne doit employer ni chaînes, ni cordages, ni poulies, ni courbes, ni coulisses, ni galets, ni flotteurs, ni liquides, rien autre chose enfin que des contre-poids guidés par des droites articulées. C’est à ces pièces solides et inflexibles qu’il réduit ce que Fontenelle appelait la matière machinale. N’acceptant donc ni les courbes, ni les fils, il a remplacé la cycloïde par un système de leviers, préférant à la perfection théorique une disposition plus efficace et plus solide, qui, sans atteindre rigoureusement le même but, satisfait pleinement à toutes les convenances de la pratique.

L’organe principal du régulateur, étant mis en relation avec la machine, indiquera si la vitesse est plus grande ou plus petite que celle qui lui convient. Les boules seront folles, et la plus légère variation de vitesse les forcera à s’élever au plus haut ou à se rapprocher jusqu’à toucher la tige. On pourra dire alors, en un certain sens, que l’appareil est régulier par essence et capable d’une seule vitesse ; mais comment lui donner la force nécessaire pour imposer cette vitesse toujours égale et toujours permanente, et communiquer son uniformité? M. Foucault y parvient en adaptant aux boules un levier qui, guidé par elles, ouvre ou ferme la communication d’un ventilateur avec l’air extérieur, en lui faisant consommer plus ou moins de travail. De là une résistance qui, croissant aussi rapidement que l’on veut, surveille pour ainsi dire la