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remplie à l’aide de ressorts dont l’énergie augmente avec l’écartement, et peut, dans les limites d’écart que permet la machine, lui être considérée comme proportionnelle. L’isochronisme une fois obtenu, on achève de résoudre le problème comme dans le cas des machines installées à terre.


III.

Pour connaître un écrivain, il suffit, a-t-on dit, d’en lire une page. Ce jugement, qui est fort juste, peut s’étendre à toutes les œuvres de l’esprit : la faculté maîtresse, comme dit M. Taine, apparaît dans toute production originale et personnelle, et pour la retrouver dans les autres travaux de même origine, il n’est nécessaire d’aucun parti-pris.

La physique a occupé M. Foucault plus longtemps que la mécanique et avec un succès presque égal. Ce n’est pas mon dessein de passer en revue ses recherches sur l’optique et sur l’électricité ; dans des sujets divers on retrouve le même esprit, et j’aurais peu de traits nouveaux à signaler dans sa manière d’aborder les questions et de les résoudre. En physique comme en mécanique, il montre plus de sagacité que de profondeur : il ne fait pas de travaux d’ensemble, mais des inventions ; il n’apporte pas de théories, mais des faits décisifs et inattendus qui éclairent et confirment les principes. Sans embrasser dans de vastes systèmes l’universalité des causes, il étudie la nature, moins pour en démêler les énigmes que pour en approprier à notre usage les forces les plus cachées, et il cherche moins curieusement enfin à contempler la lumière et à la montrer qu’à la suivre. Il est difficile aujourd’hui d’enseigner la physique sans le citer souvent avec honneur et sans manier les appareils qu’il a inventés et construits. Ses travaux sur la vitesse de la lumière ont eu un grand retentissement ; il a cherché d’abord à faire réussir une expérience très importante, mais complètement irréalisable, imaginée par Arago. D’après le programme de l’illustre physicien, l’observation devait porter sur un rayon de lumière réfléchi par un miroir tournant avec une vitesse de mille tours par seconde et lancé par ce miroir à tout hasard pour aller rencontrer, s’il avait ce bonheur, un autre miroir dont la rotation n’était pas moins rapide ; après ces deux réflexions, un observateur attentif et assidu pouvait, suivant un calcul de M. Babinet, nourrir l’espoir fondé d’apercevoir le rayon une fois en trois ans dans les conditions d’une bonne expérience. L’appareil avait été monté, mais ceux qui avaient regardé n’avaient rien vu, et douze ans s’étaient écoulés sans que les physiciens parvinssent à saisir les rayons fugitifs : on considé-