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Le second ukase établit une nouvelle organisation des communes dans les campagnes; il paraît au premier abord moins révolutionnaire que le premier, mais au fond il ne l’est pas moins. Le régime des communes rurales dans le royaume de Pologne répondait à la condition sociale et économique du pays. Il y avait en tout de 2,000 à 3,000 communes rurales appelées gminas et distinctes des municipalités des villes, comme les paroisses d’Angleterre se distinguent des bourgs. La gmina (étymologiquement le même mot que l’allemand gemeinde et le français commune) ressemblait beaucoup plus pour l’étendue à notre canton qu’à notre commune proprement dite. Chaque gmina se composait habituellement de plusieurs villages ou hameaux, mais il y avait aussi de grands villages qui constituaient à eux seul une gmina. L’ancien seigneur, propriétaire actuel du terrain, exerçait les fonctions de maire (woyt, en allemand vogt); ce n’était pas précisément un pouvoir possédé à titre de propriété privée, héréditaire et aliénable comme au moyen âge, mais à titre de fonction publique. Le gouvernement confirmait à chaque mutation le maire dans ses fonctions et pouvait, dans certains cas, les lui ôter; mais en fait, le titre de woyt accompagnait la propriété et se transmettait avec elle. Cette organisation ressemblait beaucoup à celle des juges de paix d’Angleterre, qui sont héréditaires de fait et non de droit, de même que les fermiers ressemblaient beau-