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qu’à 93, et préféra faire ce léger sacrifice sur les intérêts dans l’espoir d’un dédommagement avantageux par une libération plus prompte. De plus, pour mieux engager encore les porteurs de bons à accepter ses propositions, il déclara que le nouveau fonds ne pourrait être remboursé, et que l’intérêt ne pourrait en être réduit que lorsque 25 millions des rentes 3 et 4 pour 100 auraient été rachetés. Les porteurs d’effets, déterminés par les conditions qui leur étaient offertes et désireux de recouvrer la disposition de leur capital, déprécié sur la place sous la forme qu’il avait, acceptèrent ces diverses propositions, et le total des rentes provenant des deux consolidations s’éleva à 878,000 livres sterling. Les rentes créées par l’emprunt de 6 millions furent de 315,000 liv. sterl. Il y avait donc Là une nouvelle charge annuelle et permanente de 1,193,000 livres sterling, à laquelle il fallait affecter des ressources spéciales pour en assurer l’acquittement régulier. Quelque obéré que fût le pays, Pitt n’hésita point à proposer au parlement la création de nouveaux impôts. « Ma tâche, lui dit-il, est ingrate. Je risque de soulever contre moi bien des mécontentemens; mais je suis trop pénétré des obligations que me crée la haute position qui m’a été confiée pour ne pas les remplir. D’ailleurs j’ai confiance dans le bon sens et le patriotisme du peuple anglais, et j’ai, comme ministre des finances, une règle dont je suis résolu à ne pas m’écarter, celle de ne jamais rien lui déguiser. Le trésor a contracté des engagemens, et il faut y faire honneur. Ce n’est qu’à cette condition que la confiance pourra renaître, et le crédit public se relever. Devant une pareille considération, il n’y a pas à hésiter, et à défaut de ressources disponibles il est indispensable de recourir à des taxes additionnelles pour s’en procurer. » S’associant aux sentimens du ministre, la chambre vota les taxes proposées sur les permis de chasse, les patentes de marchands vendeurs des objets soumis à l’excise, la soie écrue, la vaisselle d’or et d’argent, les chevaux de course, les domestiques des deux sexes, les prêteurs sur gages, les boutiques, les chapeaux, rubans, calicots, etc. Le produit probable en était évalué à 1,200,000 livres sterling, et ainsi se trouvèrent liquidées les dernières charges de la guerre d’Amérique.

Vaut-il mieux en effet, comme le disait Pitt, emprunter dans un fonds élevé que dans un fonds inférieur? Le remboursement du capital de la dette fondée n’étant pas exigible, peu en importe le chiffre pour l’état. La seule charge qui lui incombe est celle des arrérages, et son principal souci doit être dès lors de combiner ses négociations pour qu’ils soient le moins élevés possible. Ce que doit rechercher le prêteur au contraire, c’est la chance de voir augmenter le prix de sa rente pour en retirer un prix supérieur au capital