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turel et comme nous l’avons pour notre part toujours espéré, la conférence a décidé la conclusion d’une suspension d’armes d’un mois entre le Danemark et les puissances allemandes. Nous n’examinons point encore quels pourront être les autres effets de l’œuvre diplomatique poursuivie à Londres. L’armistice est venu bien tard sans doute ; mais enfin l’effusion du sang a cessé, l’entreprise de spoliation est arrêtée : on respire.

Ce mot : on respire, pourrait se répéter à propos de l’état où sont en ce moment parvenues au dedans et au dehors plusieurs des questions auxquelles la France s’intéresse. Ces questions ont dans leur développement des temps d’arrêt, de véritables armistices. Il est des situations qui sont comme des intervalles entre les difficultés de la veille et celles du lendemain. Si nous en jugeons par les récens débats de notre corps législatif, il semble que la situation actuelle soit un de ces intervalles. Nous avons provisoirement et à demi terminé certaines choses, et nous devons aborder l’avenir avec des expériences faites et des résolutions nouvelles. C’est ce qui ressort de la discussion du budget, enfin ouverte au corps législatif, si l’on veut en ramener l’ensemble à une certaine unité de point de vue. Prenez la question financière proprement dite, si largement et si finement exposée par M. Thiers, solidement traitée par M. Berryer, éclairée aussi par leurs habiles contradicteurs, MM. Rouher et Vuitry : cette question, cela résulte aussi bien des critiques des adversaires de la politique financière que des explications de ses apologistes, est sortie, à l’heure qu’il est, d’une des plus difficiles périodes qu’elle ait eu à parcourir. — L’ère de réforme que M. Fould était appelé à inaugurer ne peut guère commencer avec quelque liberté d’action qu’à partir d’aujourd’hui. L’objet que l’on s’était proposé, de ramener l’équilibre entre les dépenses et les recettes, et de renfermer en de plus étroites limites les découverts et la dette flottante sans recourir à l’emprunt, n’a pu être atteint tant que les charges de l’expédition du Mexique ont pesé sur nous ; la conversion facultative qui avait été conçue et exécutée pour réaliser cette pensée a été réduite par les frais imprévus de la guerre mexicaine aux proportions d’un expédient temporaire. Mais enfin nous croyons avoir clos le chapitre de ces dépenses ; nous avons fait un emprunt qui doit nous permettre de réduire la dette flottante ; nous avons donné au Mexique un empereur : cet empereur a émis, lui aussi, son emprunt ; il nous a payé une partie des frais de la guerre en titres de cet emprunt ; il doit acquitter le reste par des annuités de 25 millions. Nos finances font ainsi la liquidation des charges que le Mexique leur a imposées : elles aussi, elles respirent ; elles sont pour le moment maîtresses de leur conduite future. On en peut dire autant de notre politique extérieure après le discours remarquable prononcé par M. Rouher en réponse à la belle improvisation dans laqueiîe M. Jules Favre avait passé en revue la politique étrangère de la France. M. Rouher nous a montré la France au dehors, libre de tout parti pris et