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gouvernement y avait été constitutionnellement établie. On pouvait désormais traiter avec un pouvoir régulier, et au commencement de l’année 1796 Pitt avait obtenu du roi, après une vive résistance, l’autorisation de faire des propositions de paix au directoire. M. Wickam, ambassadeur d’Angleterre en Suisse, fut donc chargé de demander à M. Barthélémy, représentant de la France en Suisse, si son gouvernement consentirait à l’ouverture d’un congrès où seraient admis des délégués de tous les états belligérans pour y discuter les conditions d’une paix générale, et, dans le cas de l’affirmative, sur quelles bases le gouvernement français consentirait à traiter. Le directoire refusa le congrès en déclarant que jamais les territoires conquis et annexés à la France ne seraient restitués. L’Angleterre s’était engagée envers l’Autriche à ne faire la paix qu’autant que la Belgique lui serait rendue. Toute négociation devenait donc inutile, et les hostilités continuèrent; mais la cour de Vienne, étant à bout de ressources, demanda un nouveau subside, et ses besoins étaient si pressans qu’en l’absence du parlement Pitt prit sur lui de lui envoyer 1,200,000 livres.

Moreau et Jourdan s’avancèrent, chacun à la tête de son armée, jusqu’au cœur de l’Allemagne; mais, Jourdan ayant été battu par l’archiduc Charles à Wurtzbourg, les généraux français durent regagner les bords du Rhin. En Italie au contraire, les succès de l’armée républicaine furent complets : le général Bonaparte défit les Autrichiens dans une série de brillans combats, s’empara successivement du Piémont, de la Lombardie, d’une partie des états du pape, forma la république cisalpine et réduisit la cour pontificale, celles de Naples et de Sardaigne, à demander la paix. D’un autre côté, les troupes anglaises durent évacuer la Corse après deux années d’occupation, et le roi d’Espagne, ayant conclu avec la république française un traité d’alliance offensive et défensive, déclara la guerre à l’Angleterre. Il n’y avait plus à compter sur la Prusse, et quelques succès maritimes obtenus aux Antilles ne pouvaient compenser les revers éprouvés en Europe.

En Angleterre, le sentiment public devenait de plus en plus favorable à la paix. Le parlement avait été réélu sous cette impression, et, avant de le réunir, Pitt, surmontant encore les répugnances du roi, fit demander au directoire des passeports pour lord Malmesbury. Ces passeports furent immédiatement accordés, et en ouvrant la session, le 6 octobre 1796, le souverain put annoncer la reprise des négociations. À ce moment-là même, il n’était bruit que des préparatifs faits en France pour opérer une descente sur les côtes d’Irlande et d’Angleterre. Quelque disposé que fût le gouvernement anglais à traiter, il devait cependant, en prévision du cas