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où les négociations échoueraient, se mettre en mesure de repousser toutes les attaques qui seraient dirigées contre le territoire national, et à cet effet, sur la proposition de Pitt, le parlement vota dans les premiers jours de la session une levée de 15,000 hommes pour le service de la marine et de l’armée, une augmentation dans la milice de 60,000 hommes, qui devaient ne pas être immédiatement appelés, mais seulement organisés et exercés de façon à être aptes au service en cas de besoin, plus un corps de cavalerie irrégulière de 20,000 hommes désignés sous le nom de yeomanry. Il avait été constaté, par l’application de la taxe récemment établie sur les chevaux de luxe, que leur nombre s’élevait dans le royaume à plus de 200,000. Un cheval et son cavalier durent être fournis par tout propriétaire qui en aurait dix, ou par une collection de propriétaires réunissant ensemble ce même nombre. Il fut également décidé qu’en cas d’invasion tous les gardes-chasse seraient employés comme tirailleurs, ressource qui n’était pas à dédaigner, car il y en avait plus de 7,000 commissionnés. Ces mesures, tout à la fois efficaces et économiques, ménageaient les intérêts de l’agriculture et de l’industrie : elles laissaient à leur disposition les bras qu’elles occupaient aussi longtemps que la défense du territoire ne les réclamerait pas; en créant au sein du pays une force respectable, elles rendaient l’armée disponible, et permettaient de l’envoyer partout où sa présence pourrait être nécessaire.

Le parlement autorisa ensuite le gouvernement à contracter de nouveaux emprunts, vota, pour en assurer le service, de nouvelles taxes sur le thé, les ventes aux enchères, les esprits indigènes et étrangers, le sucre, les maisons, les voitures de louage et le port des lettres, dont le produit fut évalué à 2 millions de livres sterling. Il ratifia enfin, après de vifs débats, le subside de 1,200,000 livres sterling payés à l’Autriche. À cette occasion fut débattue entre le premier ministre et les chefs de l’opposition une question constitutionnelle de la plus haute importance, celle de savoir jusqu’à quel point, dans un pays soumis au régime d’une monarchie contrôlée par le pouvoir représentatif, le gouvernement a le droit d’engager les ressources de l’état sans l’autorisation préalable du parlement. Fox commença par établir que le premier privilège de la chambre des communes était non-seulement de voter l’impôt et de déterminer tous autres moyens de pourvoir aux dépenses publiques, mais aussi de décider ces dépenses et la façon dont elles seraient faites; puis il ajouta qu’un des principaux avantages d’une monarchie limitée était, en assurant les bienfaits de la liberté, de mettre le pays, par l’organe de ses représentans, à même d’examiner les causes d’une guerre, et de l’arrêter quand il la trouverait contraire à ses