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LES MARAIS PONTINS.


Tout le long de la voie antique où nous roulons,
Ce ne sont que prés verts, marécages féconds,
Où maint chêne puissant croît à sa fantaisie.
Une Hollande avec un ciel d’Asie !
C’est superbe ; mais, las ! les pauvres habitans
De ces beaux lieux sont tous des spectres grelottans
Que la fièvre dévore et consume avant l’âge ;
Aussi, contemplateurs tristes d’un paysage
Frais, charmant, mais peuplé de souffles assassins,
Nous disons en fuyant sa mortelle verdure :
Pourquoi ce désaccord, et pourquoi la nature
Si tendre aux végétaux et si dure aux humains ?


À GAETE.


La mer a beau laver d’un flot pur, caressant,
Les contours embaumés de cette belle plage ;
Elle ne lavera jamais le noble sang
Que sous le fer d\Antoine, en un jour de carnage,
L’illustre Cicéron y versa de son flanc.


AU TOMBEAU DE VIRGILE.


Saint Paul, dit-on, un jour vint à ton mausolée,
Virgile, et sur ta cendre en son sein recelée
Laissa couler des pleurs pieux, et, soupirant,
Fit entendre ces mots : « Toi que j’aime et j’honore,
Des poètes le plus sensible et le plus grand,
Hélas ! combien pour toi j’aurais fait plus encore
Si mon cœur en ces lieux t’eût rencontré vivant ! »


PROMENADE A POMPÉI.


Quand nous mîmes le pied dans la cité des morts,
Seul, debout sur un tertre au-dessus de la ville,
Un jeune vigneron, de sa flûte docile,
Laissait tomber sur nous de suaves accords.
Ce n’étaient qu’airs d’amour et folle tarentelle,
Airs faits pour ranimer et renflammer les corps,
Symboles ravissans d’une vie éternelle !