Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 52.djvu/1002

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
EN MER.


Souvenir d’affreux temps ! ô triste, triste histoire !
Un batelier me montre, en me menant sur l’eau,
L’endroit où par amour Nelson tachant sa gloire
Fit pendre Caraciolo.


RETOUR A FLORENCE.


Au printemps, Boboli voit ses belles allées
Se remplir de l’odeur de mille giroflées.
Nulle part cette fleur au baume doux et fin
Ne s’épanouit mieux que dans le vert jardin,
Si bien que l’étranger, sous ses ombres fleuries,
Errant et parfumé jusqu’en ses rêveries,
Dit en se rappelant les richesses de l’art
Que Florence renferme en son docte rempart :
Oui, cette ville est bien une fille d’Athènes ;
Comme sa mère, elle a deux grâces souveraines,
La fleur qui porte aux sens un plaisir enchanteur,
Et celle qui ravit et l’esprit et le cœur.


AU BORD DE LA BRENTA.


Le long de la Brenta, je vois passer en fête,
Bras dessus, bras dessous, plus d’un beau couple aimant :
Tous portent un bouquet, mais bien différemment ;
Les femmes l’ont au cœur, les hommes à la tête.


VENISE.


Le grand Goethe disait à l’aspect des gondoles :
Oh ! les jolis cercueils, et comme il est charmant
D’être bercé par eux au gré des ondes folles,
Et d’y goûter le somme en pensant au néant !


EN REVENANT DU LIDO.


— D’où viennent ces clameurs, ces sauvages transports ? —
Seigneur, de cet îlot que la clémence habite.
C’est l’hôpital des fous. — Gondolier, passe vite,
Et fuyons au plus tôt de ces funestes bords.
Pauvres gens ! et pourtant tout autour de leurs corps