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LA
CRISE PHILOSOPHIQUE
ET
LES IDEES SPIRITUALISTES

I.
L'ECOLE CRITIQUE

Les idées spiritualistes, représentées par une école puissante et à peu près sans rivale dans la première moitié de ce siècle, ont traversé pendant cette période deux phases bien distinctes. La première a été une phase d’invention, d’investigation et de promesses. L’école nouvelle, victorieuse (elle le croyait du moins) de la philosophie du XVIIIe siècle, aspire évidemment à donner elle-même une philosophie originale, à faire des découvertes dans le domaine de la conscience et de la pensée. Elle se croit en possession d’une nouvelle méthode, elle essaie d’organiser la science philosophique, elle propose une théorie nouvelle de la raison, elle porte dans la théorie de la volonté et de la causalité des vues neuves et profondes, elle introduit ou plutôt elle réintègre, à la suite de Leibnitz, l’idée de force en métaphysique. Tout n’est pas nouveau dans son entreprise, mais tout y est renouvelé, rajeuni, réveillé. Elle n’est pas toujours d’accord avec elle-même : tantôt, sous le prestige de l’Allemagne, elle se laisse entraîner jusqu’aux confins d’un nuageux idéalisme, et tantôt, retenue par l’esprit écossais, elle semble sur le point de