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Alex. Herschel et Baden Powel. Tous les ans, elle publie le programme des recherches qu’elle croit les plus utiles à tenter, et le résumé, avec commentaires, de celles qui ont été exécutées. Dans cette liste déjà longue, il faut encore comprendre M. Schmidt à Athènes, M. Poey à La Havane, et enfin un homme qui s’est acquis en France, à cette occasion, une sorte de célébrité, M. Coulvier-Gravier.

Dès que l’on vit des savans aussi nombreux se consacrer à cette étude, on put prédire que l’histoire des météorites allait se constituer peu à peu ; c’est en effet ce qui est arrivé, et nous allons en raconter les principaux traits. Quand la dimension en est considérable, les bolides affectent les caractères qui ont signalé l’apparition du 14 mai : même éclat, même traînée d’étincelles suivies d’un nuage persistant, souvent une explosion, et enfin, quoique plus rarement, une chute d’aérolithes. On en voit de toutes les grandeurs ; à mesure qu’ils sont moins gros, l’étendue de la course est plus petite, l’explosion devient plus rare, et la traînée s’affaiblit. Enfin, sans démarcation spécifique et par degrés insensibles, on arrive aux simples étoiles filantes. La nature, l’origine et les lois de celles-ci doivent donc être soigneusement étudiées, et les conclusions qu’on en tirera s’appliqueront à celles qui, par exception, sont assez grosses pour constituer des bolides.

On sera peut-être étonné d’apprendre que ces étoiles filantes, qui présentent au premier aspect l’image de l’irrégularité la plus désespérante, obéissent néanmoins dans leur ensemble à des lois de périodicité bien démontrées. On a découvert ces lois en observant pendant un grand nombre de nuits consécutives et en prenant au bout de chaque année le nombre moyen d’étoiles qui ont filé dans chaque heure successive, depuis le soir jusqu’au matin : c’est ce que l’on nomme le nombre horaire, et en laissant de côté certaines nuits exceptionnelles dont nous parlerons tout à l’heure, on trouve que ce nombre augmente progressivement depuis 6 heures du soir jusqu’à 3 heures du matin, pour diminuer ensuite jusqu’au jour, et probablement, pendant le jour, jusqu’au soir suivant. On voit en effet 6 étoiles entre 6 et 7 heures, 10 entre minuit et une heure, 17 de 2 à 3, et on retombe à peu près à 13 entre 6 et 7 heures du matin.

En faisant ces observations, on n’a pas tardé à reconnaître que toutes les nuits ne sont pas identiques entre elles, et que celles des 10, 11 et 12 août sont tellement riches en étoiles filantes, que l’on compte jusqu’à 110 apparitions pendant une heure. Cette recrudescence à cette époque a été constatée depuis le commencement du siècle par un très grand nombre d’observateurs, et, ce qu’il y a de plus remarquable, c’est qu’elle paraît avoir existé de toute antiquité. On en a trouvé la preuve dans ces annales chinoises dont j’ai déjà parlé, et qui ont été compulsées par Edouard Biot. Elles signalent particulièrement, pendant les années 830, 833 et 835, un maximum considérable qui eut lieu vers la fin du mois de juillet, cette date étant comptée d’après le calendrier grégorien ; mais on sait que l’axe terrestre,