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au lieu de conserver dans l’espace une direction invariable, décrit, comme l’axe d’une toupie, un cône qui se complète en 25,868 années. Il en résulte que le moment des équinoxes change, et qu’aux mêmes dates successives, d’année en année, la terre prend dans son orbite des positions progressivement différentes. Or, en tenant compte de cette circonstance, on a trouvé qu’au moment où les Chinois observaient les maxima des années 830, 833 et 835, la terre occupait dans son orbite la position qu’elle prend aujourd’hui au 10 août, quand le maximum se reproduit ; la régularité de ce phénomène est ainsi démontrée par une longue période d’observations. En y regardant de plus près, et en observant tous les ans, on a trouvé que ce maximum est sujet à des mouvemens de hausse et de baisse. En 1800, au 10 août, on ne comptait que 59 étoiles par heure ; on en trouva 110 en 1848. Dix ans après, en 1858, le nombre horaire était tombé à 38, et depuis cette année on le voit se relever progressivement. Il y a peut-être une loi de périodicité dans ces mouvemens d’oscillation, comme il y en a dans un autre maximum signalé par Olbers et observé par lui le 12 novembre 1799. Il était extrêmement riche à l’origine, mais il a diminué peu à peu jusqu’à disparaître pour se relever progressivement ensuite et reprendre son éclat primitif en 1833, où l’on compta 130 étoiles par heure. À partir de cette année, il a diminué et s’est éteint de nouveau : mais, comme l’intervalle entre les deux premières apparitions était de 34 ans, on en attend une troisième pour 1867.

En voyant ces recrudescences se présenter toujours aux mêmes époques, il faut admettre de toute nécessité que la terre, entraînée dans l’espace, rencontre aux mêmes points de sa route des bancs de corpuscules disséminés dans le vide planétaire. On a fait sur ce point une hypothèse ingénieuse et tout à fait séduisante. On a supposé que ces astéroïdes sont répandus sur le contour circulaire d’un immense anneau qui aurait le soleil pour centre, le long duquel ils marcheraient l’un à la suite d’un autre, chacun accomplissant individuellement, comme une petite planète, une révolution régulière autour du soleil. Ce grand banc serait traversé par la terre à l’époque du 10 août, et c’est alors qu’on verrait circuler dans notre atmosphère tous ceux des corpuscules qui passeraient dans notre voisinage. Une circonstance encore mal déterminée, mais généralement accusée par tous les observateurs, vient augmenter le degré de vraisemblance de cette hypothèse ; on a remarqué qu’au 10 août la plus grande partie des étoiles filantes semblent venir d’un même point du ciel. On n’a pas pu s’accorder sur la situation réelle de ce point, que les uns placent dans Céphée, les autres dans Cassiopée ou dans le Bélier ; mais quelle qu’elle soit, cette trace commune que suivent les étoiles filantes au 10 août serait le chemin que les corpuscules parcourent, dans l’anneau qui les contient, pendant une révolution autour du soleil. J’ai quelque crainte de raconter un roman, et je ne puis cependant passer sous silence les résultats que