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I

Lorsque le gouvernement anglais résolut de créer une colonie pénale sur le continent qui portait alors le nom de Nouvelle-Hollande, il paraît qu’il fut principalement décidé par les rapports favorables que Cook en avait faits après avoir exploré, dix-huit ans auparavant, la côte orientale. Ce navigateur, ayant visité la plupart des rades découpées sur ce rivage, avait signalé l’une d’elles, Botany-Bay, comme plus propre que toute autre à la fondation d’un établissement prospère. Un havre sûr, de l’eau douce en abondance, une grande variété de plantes, qui valut à cette baie le nom qu’elle conservé, des plaines entrecoupées de bois, des habitans sauvages, mais inoffensifs, et à coup sûr peu nombreux, telles étaient les conditions qui militaient en faveur d’un essai de colonisation dans cette contrée. Des montagnes teintées d’azur, comme il arrive dans les climats chauds, où l’atmosphère est limpide et transparente apparaissaient à 40 ou 50 kilomètres de la mer. C’est là que débarquait en 1788 le capitaine Phillip, sans rien connaître de l’intérieur du pays qu’il était appelé à coloniser. Les débuts furent pénibles au sein de cette société mitigée, qui n’était presque composée que d’hommes expulsés de leur patrie. Néanmoins des concessions de terre furent faites ; la culture pastorale s’établit. Bientôt les colons, resserrés entre la mer et les Montagnes-Bleues, sentirent la nécessité de dépasser ces limites et de s’étendre au-delà. Par malheur la chaîne de montagnes qui bornait l’horizon était en apparence inaccessible. les natifs ne pouvaient donner aucun renseignement sur la topographie du pays, soit qu’ils vissent avec un sentiment d’hostilité l’intrusion des Européens dans leurs domaines, soit qu’ils ne connussent pas les défilés par lesquels il était possible de passer. C’est en 1813 seulement que M. Evans, chargé par le gouvernement anglais de voyages d’explorations, découvrit le passage si longtemps cherché. Les colons débouchèrent sur les hauts plateaux où fut fondée la ville de Bathurst. Désertant le voisinage des villes, ils créèrent de nombreuses stations rurales au milieu des belles plaines qui s’étendaient devant eux. L’engraissement des bestiaux, la production de la laine, devinrent les industries les plus florissantes de la colonie.

Sous un climat qui peut être assez justement comparé à celui de l’Afrique septentrionale, les terres bien arrosées sont seules susceptibles, on le conçoit, de nourrir les troupeaux pendant toute l’année. Ce n’était pas assez de découvrir des terrains libres, il fallait encore des rivières. Les Montagnes-Bleues, qui s’élèvent à une assez grande hauteur (2,000 mètres environ), donnent naissance à une