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parcourut le désert de Sturt ; mais ce n’était pas le steppe aride et desséché qu’il s’attendait à voir. Où Sturt avait été sur le point de périr de soif, Mac-Kinlay et sa troupe faillirent être noyés. Il tombait à ce moment des pluies torrentielles, les voyageurs avançaient avec lenteur, à demi embourbés dans un sol détrempé. Pendant une semaine que les pluies persistèrent, l’expédition suivit le bord d’un ravin où coulait une petite rivière. L’eau, sortant de son lit, inonda bientôt tout le pays environnant, et s’étendit jusqu’au campement que Mac-Kinlay occupait alors. Hommes et bêtes, réunis dans un espace étroit, craignaient d’être engloutis par ces flots qui s’avançaient vers eux en tourbillonnant. Échappés à ce péril, ils entrèrent bientôt après dans la région tropicale, où ils retrouvèrent de belles plaines, des rivières paisibles, de petites chaînes de montagnes couvertes de verdure. Çà et là cependant des buissons épineux indiquaient de mauvais cantons, mais c’était sur une faible étendue de terrain. Enfin ils approchèrent du golfe de Carpentarie ; la région qui l’avoisine a présenté à tous les explorateurs qui l’ont parcourue une remarquable uniformité. Tous y ont vu un sol excellent, une végétation exubérante. Le 29 mai 1862, neuf mois après son départ d’Adélaïde, Mac-Kinlay arrivait au terme de son voyage, sur les bords de la rivière Leichhardt, assez près de l’océan pour observer sur la rivière le flux et le reflux quotidien ; il ne put poursuivre jusqu’au littoral, empêché qu’il était par les marais et les buissons, qui entravaient la marche des bêtes de somme.

La partie la plus importante du voyage et en apparence la plus pénible était terminée. La traversée de l’Australie s’était effectuée sans accident et presque sans privation. La mission n’avait parcouru en réalité aucun district qui fût plus stérile et plus aride que les cantons de la province méridionale que les colons occupent déjà. Toute la troupe était en bon état ; cependant les vivres n’étaient pas assez abondans pour qu’il fut possible de revenir dans le sud par le même chemin. Mac-Kinlay résolut donc de rapatrier ses hommes en se dirigeant vers Port-Denison, à l’embouchure de la Rivière-Burdekin, l’établissement le plus septentrional de la Terre de la Reine. C’était un trajet de 700 à 800 kilomètres. Le pays était bon et n’offrait d’autre difficulté que le passage à gué de plusieurs grosses rivières ; mais les hommes commençaient à être abattus par les fatigues et les, privations d’un long voyage. Quelques-uns étaient pris de la fièvre ; les bêtes de somme, épuisées, pouvaient à peine porter leur chargement et périrent en partie. Il n’y avait plus ni thé, ni sucre ; il restait si peu de farine que l’on se réduisait à la plus faible ration par crainte de n’en pas avoir assez pour aller jusqu’au bout. Enfin l’expédition atteignit le 5 juillet le cours du Burdekin