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constructions rend plus frappant. Ce n’est, à vrai dire, qu’une succession de monumens que signalent au loin des tours et des dômes d’architecture variée et entre lesquels des espaces ont été ménagés pour des pelouses, des jardins, des serres, des parcs, qu’animent des eaux vives et des accidens de terrain. Chacun de ces monumens a le style de sa destination ; ici une chapelle, là un musée, plus loin une bibliothèque, une salle de théâtre où, dans les solennités, les étudians jouent des pièces grecques et latines, enfin la vaste rotonde avec une galerie ouverte au public, et qui sert aux séances d’apparat où les grades élevés se confèrent. Nous n’avons pas l’équivalent de ces villes essentiellement studieuses, où les autres formes de la vie civile sont pour ainsi dire absorbées par de grandes existences académiques. Cette condition est pourtant heureuse à plus d’un titre ; elle écarte les distractions nuisibles et garantit un plus grand recueillement. L’attrait qui s’y mêle est empreint d’utilité ; ces jardins sont des jardins botaniques ; ces musées, ces galeries enseignent en même temps qu’ils charment ; ces bibliothèques sont des plus riches qu’il y ait au monde non-seulement en livres, mais en manuscrits arabes, sanscrits, persans et mexicains ; l’une d’elles, à Cambridge, renferme un beau globe céleste de dix-huit pieds de diamètre qui passe pour un chef-d’œuvre du genre. Il y a également des observatoires avec les appareils appropriés. Parmi ces établissemens, il en est qui sont d’usage commun, d’autres qui appartiennent en propre à un collège et ne sont qu’à son usage. Dans leur ensemble, ils composent une véritable cité qui, sur un petit espace, réunit une collection complète d’instrumens pour les hautes études. Aux esprits bien disposés, rien ne manque de ce qui est nécessaire pour s’instruire ; sur les plus réfractaires, la nature des lieux agit à leur insu, dompte la volonté et ne laisse pas à l’activité individuelle le choix des directions. Hors du travail scolaire, cette activité n’aurait point d’alimens.

La plupart de ces collèges sont montés dans de grandes proportions. Greffés sur le tronc des anciennes institutions catholiques, ils en ont conservé les plans d’études et le culte jaloux des humanités. Dans les détails d’organisation, cette fidélité aux souvenirs se retrouve. Ainsi près du chef ou maître du collège, assisté par ses agrégés, figurent encore des chapelains, des clercs et des chantres dont les noms et les attributs ont survécu au changement de liturgie. Par un accord rare, la science religieuse et la science profane vivent là côte à côte sans s’exclure ni se heurter. Les universités fournissent des sujets à toutes les carrières, au clergé comme à l’armée, au barreau et à la magistrature comme à la médecine et au génie civil ; elles sont à la fois des séminaires, des facultés et