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grand nombre (quatre-vingts au moins), les hommes les plus compétens : des membres de diverses assemblées représentatives, des magistrats éminens, de hauts fonctionnaires de l’ordre administratif, des directeurs ou employés supérieurs des prisons, des médecins spécialistes, des aumôniers. appartenant à toutes les communions chrétiennes. L’assemblée fut présidée par M. Mittermayer, sans contredit l’une des gloires de l’Allemagne : elle se prononça énergiquement en faveur du régime cellulaire. Un trait qu’il est bon de noter, c’est que l’illustre président du congrès jusque-là l’adversaire du système de Philadelphie, en devint à Francfort le défenseur ardent et convaincu. Le principe semblait conquis sans retour : il ne s’agissait plus que de l’application ; aussi est-ce de ce côté que se tournèrent très vivement les esprits, M. Mittermayer fut un des premiers à entrer dans cette voie, et immédiatement, après le congrès de Francfort il publia un écrit très remarquable où il résumait en douze points les conditions que doit réunir une bonne prison cellulaire.

Bien avant cette époque, le vénérable président de la société néerlandaise pour l’amélioration des prisonniers, M. W.-H. Suringar, annonçait, dans un discours qui eut un grand retentissement, que les régens de la prison d’état à Leeuwarde avaient reconnu unanimement, à la suite de vingt ans d’études ; qu’il y avait lieu de préférer le régime de l’isolement. Depuis, et en 1860, il exprimait encore sa conviction avec un redoublement d’énergie dans un écrit où le système cellulaire est considéré à tous les points de vue et apprécié par chacun de ses effets. Avec M. Suringar, nous sommes cependant, qu’on y songe bien, en Hollande, pays de bon sens et d’honnêteté proverbiale, où l’on ne se paie pas de mots, où les chimères et les visions fantastiques n’ont jamais, dit-on, beaucoup hanté les esprits. C’est encore de ce pays que nous viennent ces paroles écrites d’hier dans l’avant-propos de la traduction française du discours de M. Suringar par M. Camille Ramperti, ancien consul-général de Hollande à Milan, esprit très sérieux et depuis longtemps préoccupé de la question. « Quatorze ans se sont écoulés depuis que ce discours a été prononcé ; beaucoup de bien a été acquis et obtenu depuis dans de nombreuses conférences et délibérations. L’échange des diverses opinions touchant le meilleur système pénitentiaire a été fréquent, et le résultat d’une haute importance, c’est la conviction presque unanime qu’au système cellulaire pur doit décidément être accorder la préférence. »

Tandis que le mouvement de la réforme s’accréditait ainsi dans le nord, le midi ne pouvait y demeure, à son tour absolument étranger. Le livre d’un observateur, compétent et zélé du régime des prisons dans divers, pays de l’Europe, M. N. d’Alfaro, en est un curieux témoignage, et certes ce fut une bonne inspiration du gouvernement espagnol que de lui confier cette grave étude. Du moins peut-on dire, et ce ne sera pas un faible éloge, que M. d’Alfaro l’a entreprise et accomplie sans parti-pris, avec un profond désintéressement d’esprit et le plus sincère amour de la vérité. On