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l’année 1863. Cette augmentation provient de l’accroissement du nombre des maisons, dont le revenu total a crû de 613,259 francs dans la même période de temps. Le produit de la taxe sur les revenus du commerce de la ville s’était également développe, car les revenus sujets à l’impôt, de 1863 à 1864, offraient une plus-value d’environ 1 million de francs. Il en était absolument de même pour toutes les autres taxes, et ce résultat était dû au simple développement de la matière imposable, car les taxes en elles-mêmes n’avaient reçu aucune modification.

Un autre document, le rapport de 1863 de la chambre de commerce de Milan, indique spécialement l’extension inattendue de l’esprit d’association depuis 1860, et constate la formation de six sociétés anonymes et de cinq sociétés en commandite dans la province lombarde. L’une de ces sociétés mérite particulièrement d’être signalée, c’est celle qui a pour objet la construction de maisons pour les ouvriers et de bains et de lavoirs publics. Établie en 1861 avec un capital de 350,000 francs, qui a augmenté depuis, elle a déjà construit des maisons ouvrières pour plus de 500,000 fr. Ces maisons se trouvent dans les nouvelles rues de San-Fermo et de Montbello ; elles forment aussi en grande partie la nouvelle place qui porte ce dernier nom. Le but de la société est d’offrir à la classe ouvrière des logemens commodes, propres et à bon marché. D’après ses statuts, la société ne peut pas prélever pour ses bénéfices plus de 4 pour 100, et le reste doit être employé à la construction de nouvelles maisons ayant toujours la même destination. Cette société a déjà gagné beaucoup plus de 4 pour 100 et obtenu un grand succès sous tous les rapports. Le nombre des associations de secours mutuels a pris également de l’importance dans ces dernières années. Ces institutions si dignes d’estime, qui préviennent la détresse, qui contribuent à faire naître et à propager l’habitude de l’économie et de l’épargne, et qui établissent d’heureux liens entre les individus épars et les familles, sont maintenant répandues à tel point que le rapport de la chambre de commerce de 1863 déclare que presque tous les individus appartenant aux classes qui vivent de leur travail personnel sont devenus membres de l’une de ces sociétés.

La liberté a donc assuré à Milan le progrès matériel comme le progrès moral. Elle n’a pas moins contribué à développer ce charme, cette aisance des rapports sociaux qu’on ne goûte nulle part si bien que dans la capitale lombarde. L’étranger par exemple trouve dans la société milanaise une prévenance qui ne se dément jamais, une hospitalité toute cordiale et sans aucune affectation. Il y a pourtant un reproche à faire aux Milanais. Les plus riches mêmes et les plus haut placés ont la fâcheuse habitude de parler entre eux le dialecte.