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champ ses trois pavillons de style renaissance, reliés par une colonnade circulaire à jour, à travers laquelle se découpent l’azur du ciel et la verdure du jardin. En attendant que l’eau tombant de la cascade descende par des marches ornées de vases et de statues jusqu’au bassin inférieur destiné à alimenter les bas quartiers, le volume principal du conduit de Longchamp se distribue déjà par quatre conduites en fonte dans les cinq bassins établis sur le haut des plateaux qui forment le sol accidenté de la ville. La hauteur de ces plateaux, inférieure à celle de Longchamp, a permis d’établir un système de siphons où la pression suffit toujours à faire monter l’eau jusqu’aux derniers étages des habitations. Les tuyaux secondaires qui se ramifient aux cinq bassins, suivant les exigences du service, conduisent l’eau à 4,500 réservoirs, 400 fontaines publiques, dont 37 monumentales, et 2,000 bouches d’arrosage. Si de nouveaux besoins surgissent, rien ne sera plus facile que d’augmenter la distribution. Le canal y suffira, comme il a suffi à un autre résultat tout aussi important, l’amélioration du vieux port.

Tout a été dit sur l’insalubrité du bassin du vieux port, qui, dans ses 29 hectares d’eaux stagnantes, recevait les eaux sales d’une ville où l’usage des lieux d’aisances était inconnu, et les immondices de plusieurs milliers de matelots entassés sur les navires à l’ancre. Aujourd’hui le canal, par cela même que tout son volume d’eau n’est pas utilisé, jette dans le vieux port 1,000 litres par seconde. Aussi a-t-on remarqué que les poissons et les coquillages ont recommencé à vivre dans le tiers de la longueur du bassin. En outre on a pu songer à remplacer par un système rationnel les anciens égouts aboutissant au port. Les immondices avaient tellement comblé celui-ci qu’en 1839 il fallut procéder à un approfondissement général. Il fut décidé qu’on construirait un grand égout de ceinture destiné à détourner des nouveaux bassins toutes les eaux sales pour les verser dans la rade, et qu’on introduirait dans l’ancien port un mètre cube par seconde d’eau épurée. Le grand égout comprenait deux branches, l’une dite septentrionale qui, partant de la place Castellane, longeant la rue de Rome et aboutissant au boulevard des Dames, viendrait déboucher dans la rade de Marseille, en dehors de la jetée extérieure du bassin de la Joliette. Cette branche devait recueillir les eaux sales d’une surface bâtie de 211 hectares.

Pour une surface de 143 hectares, la branche dite méridionale, partant de la place de Rome, aboutirait dans la rade, de l’autre côté du vieux port de Marseille, au sud, à l’anse des Catalans. Dans ce système, le vieux bassin n’aurait plus reçu à son origine que les eaux d’une partie de la vieille ville, d’une surface de 9 hectares