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seulement, par l’égout de la Consigne. Encore est-ce à ce point que le versement des eaux pures du canal se serait opéré entre l’hôtel de ville et le canal des douanes. De ces trois parties du projet, la première seule a été exécutée : la branche septentrionale conduit dans la rade de la Joliette environ 600 litres d’eaux sales par seconde; on n’a pas encore commencé l’égout de la Consigne, parce qu’il doit traverser une partie de la vieille ville qui sera remaniée, mais on verse des eaux pures dans le vieux port, redevenu salubre. Quant à la branche méridionale de l’égout collecteur, l’exécution n’en semble pas prochaine. Le projet de création d’un port aux Catalans, le déplacement des fabriques de savonnerie agglomérées le long du quai de Rive-Neuve, qui occupent de grands terrains d’un prix devenu très élevé, modifieront peut-être le plan primitif; mais il deviendrait plus que jamais nécessaire de consacrer une somme importante à des égouts secondaires que les variations apportées dans le nivellement de la ville n’ont pas permis de construire avec cet ensemble qui a signalé les opérations analogues effectuées à Paris.

Après la conduite des eaux sales, la canalisation des égouts et l’établissement des fosses dans chaque maison, la municipalité doit se préoccuper d’une amélioration réclamée avec une insistance qui ne permet plus de retard : la clarification des eaux de la Durance. Des trois conditions que doit remplir l’approvisionnement des eaux d’une grande ville, l’abondance, la limpidité et la fraîcheur, le canal de la Durance ne satisfait qu’à la première. La température des eaux s’élève jusqu’à 22 degrés en été, et descend à 5°,034 au-dessous de zéro en hiver. Sous l’influence de ces variations, la proportion des matières que tient en dissolution une eau de bonne qualité serait modifiée profondément; qu’est-ce donc pour un liquide où se mêlent tant de matières étrangères? La Durance charrie dans les grandes eaux jusqu’à 4 kilogr. 179 de matières insolubles par mètre cube, ce qui donne en moyenne 0,279. De là une couleur qui varie de la teinte café au lait à la teinte brune la plus foncée. On calcule que sur les 5 ou 600,000 mètres cubes d’eau dérivés chaque jour de la Durance, il y a quinze cents mètres cubes de terre charriée, dont il faudrait délivrer l’eau d’abord et se débarrasser ensuite. Non-seulement cette eau, pour devenir potable, devrait être filtrée, — c’est une nécessité d’autant plus grande que, sur tous les moyens d’alimentation d’eau que possède Marseille, les sources, les puits, les ruisseaux de l’Huveaune et du Jarret, enfin la Durance, celle-ci entre pour 104 millions de litres dans le total de 115, — mais encore les dépôts entraînés par le liquide obstrueront, si on ne peut les en chasser, tous les conduits, les bassins d’approvision-