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les canaux de la tige, entraînés par un liquide dont le rôle et l’importance capitale sont connus de tous, la sève.

Cette sève, comment monte-t-elle? À cette question, l’une des plus complexes de la botanique, les physiologistes répondent par diverses hypothèses. On pense que la sève monte par endosmose, par capillarité, ou par suite de l’attraction qu’exercent d’en haut les organes d’exhalation. L’endosmose consiste dans l’attraction exercée sur un liquide par un autre liquide plus dense que le premier. De l’eau gommée renfermée dans une vessie que l’on plonge dans de l’eau pure attire cette dernière et la fait pénétrer dans la dissolution de gomme. Là est tout le phénomène. Or les tissus végétaux se composent primitivement de cellules contiguës; plus tard ces cellules superposées produisent, par la destruction des parois intermédiaires, des tubes ou vaisseaux; ces tubes enfin, en se desséchant et en s’engorgeant, finissent par former des libres ligneuses ou du bois. On comprend dès lors quel rôle jouera l’endosmose dans le tissu cellulaire. La densité des liquides renfermés dans les cellules croissant à mesure qu’ils s’élèvent sur la tige, il en résultera nécessairement que les molécules d’eau à peu près limpides que fournissent les racines seront forcées de monter de cellule en cellule en raison de leur densité. Voilà pour l’endosmose. Quant à la capillarité, tout le monde sait qu’un tube étroit, d’un diamètre capillaire (capillus, cheveu), a la propriété de faire monter entre ses parois les liquides dans lesquels il plonge par sa base. Qu’on applique aux tubes vasculaires formés par l’agglomération des cellules cette propriété des tubes capillaires, et on comprendra que l’ascension de la sève, que se transmettent l’une à l’autre les cellules adjacentes, sera singulièrement favorisée par la forme même des tubes de ce tissu. L’équilibre de densité finit néanmoins par se faire dans les parties liquides du végétal, et le mouvement continue malgré cela, la sève monte toujours. La capillarité seule est impuissante pour expliquer ce phénomène, c’est à la troisième hypothèse qu’il faut recourir, c’est-à-dire à l’attraction qu’exercent les bourgeons, les feuilles et même l’écorce des jeunes rameaux, il arrive en effet que toutes ces parties vertes deviennent, à cause des innombrables pores dont leur épidémie est perforé, le siège d’une évaporation considérable. De là résultent d’une part un épaississement du liquide des cellules qui redouble l’activité de l’endosmose de l’autre la formation de vides qui, aussitôt comblés par une quantité proportionnelle de sève enlevée à la tige, déterminent de proche en proche un flux ascensionnel, aux exigences duquel doit subvenir la racine par une nouvelle et énergique succion des liquides souterrains.

Est-ce bien tout maintenant, et ces trois hypothèses suffiront--