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distinctes; ils nous montrent tout au moins l’antagonisme de deux forces antithétiques, ils confirment cette loi bien connue de la nutrition et de la vie chez les êtres organisés, loi que résume toujours l’opposition de deux mouvemens inverses, quoique simultanés, l’un d’assimilation, l’autre de dissociation, l’un d’absorption, l’autre d’exhalation.

Voici donc la plantule respirant par sa partie verte, c’est-à-dire par des feuilles qui, fort petites et chiffonnées tout d’abord, s’étalent bientôt dans l’air, y accomplissent leurs fonctions et participent à tous les privilèges de la vie atmosphérique. Nous n’avions tout à l’heure sous les yeux qu’un phyton, alors que, simple ébauche végétale, la plantule ne se distinguait de la matière environnante que par les virtualités dont elle était douée; maintenant nous avons une plante qui, sevrée de son alimentation cotylédonaire, puise dans le sol et dans l’atmosphère les sucs, les minéraux et les gaz dont elle se nourrira désormais. Toutefois, avant de suivre dans l’atmosphère cette tige qui vient d’en prendre possession, demeurons un moment dans ces régions ténébreuses où la racine va se développer et former par ses ramifications innombrables une tête souterraine analogue à la cime qui, dans l’espace, élargira son dôme par la multiplication annuelle des rameaux et des feuilles. La partie de la plante qui s’enfonce dans la terre constitue la souche en langage botanique; c’est le prolongement inférieur de la tige. La racine ou plutôt les racines sont les organes latéraux ou appendiculaires qui émanent de la souche et de ses principales ramifications sous la forme de fibres plus ou moins grêles et allongées. Ces fibres cylindriques, simples ou rameuses, et que termine une extrémité" arrondie et poreuse appelée spongiole, forment par leur agglomération le chevelu de la racine, et représentent exactement le feuillage aérien par la disposition générale comme par le renouvellement périodique.

La racine de l’arbre, tout à la fois patte et suçoir, étend et multiplie ses ramifications, qui, par leurs étreintes, consolident la tige dans le sol et y pompent des principes de nutrition rendus assimilables par le véhicule universel de la création, l’eau. Au moyen de leurs spongioles et des cellules perméables dont se composent leurs tissus, les racines absorbent des liquides qui, chargés d’acide carbonique, d’ammoniaque et de substances minérales dissoutes, fournissent aux cellules et aux tubes vasculaires de la plante des combinaisons azotées, des décompositions d’élémens terreux ou métalliques, des principes hydrocarbonés et des matières salines. Ces divers matériaux inorganiques, qui, par suite de curieux phénomènes de chimie végétale, sont assimilés par les tissus et deviennent ainsi des élémens de vie organique, s’élèvent dans