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Les Perses comprenaient du reste ce qu’ils devaient à la brique : ils avaient donné le nom de mois des briques au mois pendant lequel celles-ci sèchent au soleil. Cette expression de mois des briques se retrouve dans une inscription du palais de Sennachérib. La substitution de ces matériaux légers aux blocs énormes employés par l’Égypte et la Grèce devait naturellement amener les formes paraboliques et ogivales qui sont l’essence de l’architecture perse. Quand on voulait fermer les sommets, la légèreté et la petite dimension des briques et des poteries permettaient en effet de les rapprocher peu à peu en les posant par assises horizontales faisant saillie d’un tiers les unes sur les autres. De là cette voûte ogivale à lignes droites qui est restée l’arc persan par excellence. Pour les murs, les Assyriens employaient encore le pisé, c’est-à-dire de l’argile mêlée de naphte et de bitume minéral, puis battue dans un moule avec de l’eau et des roseaux. C’était une sorte de brique gigantesque qui se façonnait sur place et formait un mur d’une seule pièce. Quand la portée de la voûte était trop grande, et que les briques auraient été trop lourdes, on recouvrait les salles de panneaux de bois juxtaposés et façonnés en voussoirs. « Je bâtis pour demeure de ma royauté, dit une inscription de Sennachérib, des salles couvertes par des pans de bois de cèdre, de lentisque et de pistachier. Au sommet, j’applique en guise de bouclier, pour les tenir dans leur position, des poutres de cèdre soutenues par des piliers de même bois que je relie par des crampons, de fer. » Évidemment il est question ici d’une voûte non fermée à sa partie supérieure. L’espace où se trouvait ce bouclier sur lequel s’appuyaient les pans latéraux de la voûte était quelquefois recouvert par des peaux de veau marin. Quelquefois la voûte est jetée de terre sans soutien de bois ni de pierre ; on en trouve plusieurs exemples à Khorsabad. On parvenait au sommet des édifices, non par des escaliers, mais par des rampes qui tournaient en spirale soit dans l’épaisseur des murs, soit même à l’extérieur, comme cela fut imité à Balbek sous les Antonins et partout au moyen âge. On peut de même monter à cheval jusqu’au sommet du campanile de Saint-Marc à Venise, et le minaret de la plus ancienne mosquée du Caire est enveloppé d’une spirale extérieure qui s’élève jusqu’à la cime.

La décoration intérieure offrait d’un autre côté une grande richesse : l’or, l’argent, le cuivre, l’ivoire, l’émail, brillaient partout. Ctésias et Diodore, en décrivant le Kasr du palais de Nabuchodonosor à Babylone, parlent longuement des grandes mosaïques en briques émaillées représentant des sujets de chasse, des figures d’hommes et d’animaux et des inscriptions blanches sur azur, dont M. Fresnel a de nos jours retrouvé de nombreux fragmens. Nabuchodonosor