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LA PRUSSE
ET
LA NOUVELLE ALLEMAGNE
LETTRE A M. A. FORCADE[1].

Monsieur,

J’ai sous les yeux votre chronique du mois dernier. Le sujet principal en est la dernière guerre allemande et la transformation de l’Allemagne. Dans quelle mesure ces grands événemens répondent-ils aux intérêts de l’Europe en général et à ceux de la France en particulier ? Telle est la question que vous posez. Le résultat de vos réflexions est conditionnel. Avec une haute intelligence et une pleine impartialité, vous reconnaissez le droit du peuple allemand de se donner une nouvelle constitution qui lui assure l’unité ; mais vous vous demandez si l’agrandissement actuel de

  1. Les considérations récemment exposées par la Revue sur les événemens qui sont en train de transformer la constitution de l’Allemagne ont déterminé un ancien député prussien, M. Henri de Sybel, dont le mérite comme historien et publiciste est justement apprécié parmi nous, à nous adresser les pages que nous publions ici. C’est le caractère et la portée de la politique prussienne définis par un penseur et libéral prussien dont les opinions ont un grande poids en Allemagne. Ceux même qu’en France ne sont pas prêts à souscrire aux conclusions de M. de Sybel ne regretteront point de connaître les argumens politiques et historiques par lesquels un Allemand d’intelligence élevée explique et justifie le présent et l’avenir de la politique prussienne. Les esprits loyaux tiendront compte en tout cas à M. de Sybel, qui a consacré des études très distinguées à l’histoire de notre grande révolution, des sentiment de sympathie qu’il professe pour la France. Les idées de cet écrivain ne sont point d’ailleurs une inspiration de circonstance. Ancien adversaire de M. de Bismark, qu’il a virilement combattu pendant le conflit parlementaire, il avait exposé, il y a plusieurs années, dans un écrit sur l’Allemagne et l’empire allemand, des vues conformes à celles qu’il nous fait connaître aujourd’hui.