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le cabinet de Berlin ne donne point signe de vie. Le discours du roi de Danemark lui fera-t-il rompre son long silence ? L’Autriche étant la seule puissance co-signataire du traité de Prague, est-ce à elle, par l’organe peu agréable de M. de Beust, de rendre la mémoire à M. de Bismark ? M. Benedetti à son retour à Berlin trouvera-t-il encore cette affaire indécise ? Y a-t-il en vérité de la justice, de l’habileté et du bon goût au gouvernement prussien de laisser arriver aux oreilles de la France chagrine les échos de ces pénibles réclamations ?

Le paquebot du Mexique qui arrivera demain, et qui a été retardé pendant quelques jours au point de départ, est attendu avec anxiété. Il nous apportera sans doute des informations claires sur les derniers incidens qui caractérisent la situation de ce pays, et dont on ne trouve que des aperçus confus dans les derniers journaux arrivés des États-Unis. Nous allons apprendre si Maximilien veut en effet tenter tout seul la fortune, si le rapatriement de nos troupes sera prochain, si les résolutions qui paraissent avoir été prises récemment par le président Johnson étaient déjà connues ou pressenties au Mexique. Nous avons été malheureusement victimes, dans cette fâcheuse affaire mexicaine, d’un système de lenteurs qui ont produit une série sans fin de contre-temps. Nous faisons tout trop tard. Tandis que les Américains se montrent disposés à entrer en besogne au sujet du Mexique, nous ne voyons point que les navires qui doivent aller chercher nos troupes aient déjà quitté les ports de France. Les Américains, eux, n’attendent point l’embarquement de notre armée pour faire en faveur du président Juarez des manifestations officielles qui, comme alliés de l’empereur Maximilien, nous placent dans une position fausse. Le général Sherman est parti pour le Mexique chargé d’une mission par le président Johnson. La présence de cet homme de guerre renommé sur le théâtre que nous allons quitter promet au moins des garanties d’ordre et de sécurité, pour les intérêts de nos compatriotes et de ceux de nos alliés indigènes que nous cesserons bientôt de protéger. Entre les Américains et nous, il faut espérer que l’entente s’établira aisément. Par le fait seul que leur influence succédera à la nôtre et pourra contenir les mauvaises passions, ils nous rendront un service positif, et nous avons appris à nos dépens qu’il n’y a pas lieu de leur envier l’héritage que nous leur léguerons. e. forcade.




REVUE DRAMATIQUE.

THÉÂTRE-FRANÇAIS. — Le Fils, comédie en quatre actes, par M. A. Vacquerie.
ODEON. — La Conjuration d’Amboise, drame en cinq actes et en vers, par M. L. Bouilhet.

Nous éprouvons, à vrai dire, quelque embarras d’avoir à parler des deux pièces qui se jouent en ce moment au Théâtre-Français et à l’Odéon ; nous