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nécessaires à sa libération ? Une partie de ses états se trouvait envahie, et il était mal obéi dans l’autre. Maîtres de Rome et de tous les pays d’alentour, les impériaux avaient occupé Ostie et Civita-Vecchia, sans pouvoir toutefois pénétrer dans Civita-Castellana, dans Plaisance et dans Parme, dont les portes leur avaient été fermées. Le duc de Ferrare, mettant à profit des circonstances aussi favorables à ses desseins d’agrandissement, s’était emparé de Reggio et de Modène, que depuis longtemps il convoitait. Les Vénitiens eux-mêmes, quoiqu’ils fussent les alliés de Clément VII, n’avaient pas hésité à étendre leurs possessions à ses dépens. Portant dans l’ambition autant d’audace qu’ils montraient de timidité dans la guerre, ils avaient pris Ravenne et Cervia sous prétexte de les soustraire à l’avidité du duc de Ferrare. Imola et Rimini étaient tombés entre les mains de Sigismondo Malatesta, dont la famille en avait eu autrefois la seigneurie.

Ces démembremens de l’état pontifical n’avaient point été les suites uniques de l’infortune de Clément VII. La captivité du chef de la maison des Médicis avait occasionné la ruine de son autorité dans Florence. Le cardinal de Cortone, qui y commandait pour lui, avait pris l’épouvante et la fuite à la nouvelle du désastre de Rome. Florence avait reconquis encore une fois son ancienne liberté. Elle avait aboli le gouvernement de la famille ambitieuse qui, par la richesse et l’habileté, s’était élevée à la suprême puissance, elle avait expulsé les deux neveux du pape, Alexandre et Hippolyte de Médicis, abattu les images de Léon X et de Clément VII, et rétabli le vieux régime républicain. Nicolo Caponi, nommé gonfalonier de justice, avait été mis à la tête de l’état, appelé de nouveau à se régir sous la forme la plus démocratique. Tout en accomplissant cette révolution intérieure, les Florentins étaient demeurés fidèles à la confédération. Unis avec le roi de France, la république de Venise, le duc de Milan, ils s’étaient engagés à entretenir 5,000 hommes de pied et 300 chevau-légers, comme leur contingent à l’armée qui combattait pour l’indépendance italienne contre la domination impériale.

Le triste Clément VII, dont le pouvoir était renversé dans Florence, dont les possessions étaient prises aussi bien par les alliés que par les adversaires du saint-siège, était condamné à rester prisonnier bien des mois encore. Il avait payé à grand’peine, le 21 juin, 80,000 ducats sur les 150,000 qu’il était tenu de donner tout d’abord[1], et qu’il ne parvint à réunir que longtemps après

  1. « Sin a quest’ hora con grandissima difficulta no se ne sono possuto havere solo 80 milia scuti. » Lettre du prince d’Orange à l’empereur, du 21 juin 1527. — Archives impériales et royales de Vienne.