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donné une carte et des détails[1] confirmant complètement les vues de l’illustre naturaliste suisse. M. Jamieson reporte la formation de ces terrasses à la fin de la seconde période glaciaire ; elle est due à une oscillation des glaciers descendant du Ben Nevis et des montagnes environnantes. Ces glaciers ont barré tour à tour la vallée de Glen-Roy et les vallées voisines. Les eaux, arrêtées dans leur écoulement, ont formé des lacs à différens niveaux, déterminés pour chacun d’eux par la hauteur du col qui fermait l’extrémité de la vallée opposée à celle barrée par le glacier. L’intégrité des terrasses prouve aussi que depuis leur formation l’Écosse n’a jamais été immergée dans la mer à la profondeur de 245 mètres, élévation actuelle de la ligne inférieure au-dessus du niveau de l’Atlantique.

Les montagnes du pays de Galles présentent des traces d’anciens glaciers aussi évidentes que celles de l’Écosse : elles ressemblent à celles des Vosges. En effet, l’analogie des deux chaînes de montagnes est frappante : élévation médiocre des sommets, prédominance des roches schisteuses et granitiques, vallées longues et étroites, tourbières et lacs nombreux, tout se ressemble. C’est notamment autour du Snowdon, le sommet le plus élevé de ces montagnes (1,088 mètres), que ces glaciers ont rayonné[2]. Ils sont descendus dans les vallées de Llanberies et de Nant Gwinant, où ils ont laissé comme traces de leur passage des roches moutonnées, polies et striées jusqu’à la hauteur de 800 mètres, de nombreux blocs erratiques épars, et des moraines frontales parfaitement caractérisées. À l’époque de leur plus grande extension, ils atteignaient Caernarvon, et couvraient l’île d’Anglesea. Comme en Écosse, le pays de Galles offre des preuves de changemens considérables postérieurs à la première période glaciaire. Le professeur Ramsay, M. Prestwich et sir Charles Lyell ont trouvé des coquilles marines arctiques reposant sur des roches polies et striées à des hauteurs comprises entre 300 et 440 mètres au-dessus de la mer. Nous ne parlerons pas des traces d’anciens glaciers constatées en Angleterre au sud des régions que nous venons d’examiner : elles existent dans les montagnes du Cumberland, en Irlande, dans les comtés de Kerry et de Killarney et dans les îles de l’Écosse.

Les côtes de France comprises entre Saint-Brieuc et l’embouchure de la Loire sont bordées d’une ceinture de forêts sous-marines correspondant à celle du comté de Norfolk : on en suit le prolongement dans les marais tourbeux du littoral. On y a reconnu des essences encore vivantes actuellement, mais l’étude des terrains sur lesquels

  1. On the parallel roads of Glen-Roy, 1863.
  2. Ramsay, The old Glaciers of Switzerland and North Wales, 1860, et Schimper, Rapport sur un voyage scientifique en Angleterre (Archives des missions scientifiques, t. III, p. 131, 1866).