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tune et se rangeant à ses arrêts, Clément VII chargea l’évêque de Vaison, nonce du saint-siège en Espagne, de conclure un traité de paix avec l’empereur.

François Ier ne se bornait point à exciter ses anciens confédérés à la guerre, il projetait de former une nouvelle et puissante armée à la tête de laquelle il descendrait lui-même en Italie. Il annonçait aux Florentins et aux Vénitiens qu’il faisait lever des Suisses et des lansquenets et qu’ils le verraient reparaître au-delà des Alpes avec vingt-cinq mille hommes de pied et tous ses hommes d’armes; mais, alors qu’il se livrait publiquement à ces manifestations belliqueuses il était rentré en secret dans des voies pacifiques. Aussitôt après la ruine complète de l’armée de Naples et la perte de tout le littoral ligurien, désespérant de contraindre l’empereur à accepter ses conditions de paix et à lui rendre ses deux fils, il avait cherché à renouer les négociations si violemment rompues à Burgos. Comment y parvenir, toute relation ayant cessé entre les deux monarques depuis qu’ils s’étaient blessés par des outrages et provoqués par des défis?

Une trêve conclue à l’automne de 1528 entre la France et l’Angleterre d’une part et les provinces belges de l’autre, dans l’intérêt du commerce des trois pays et sur leurs réclamations, devint l’occasion de pourparlers nouveaux dont la mère de François Ier fit les premières ouvertures. Guillaume des Barres, secrétaire d’état de l’archiduchesse Marguerite, gouvernante des Pays-Bas, étant venu faire ratifier la trêve en France, Louise de Savoie lui demanda s’il n’était chargé de rien par l’archiduchesse. Elle se plaignit alors de la lettre offensante pour l’honneur du roi, son fils, que l’empereur avait écrite à l’ambassadeur Jean de Calvimont, prétendit avoir fait de son mieux pour empêcher le cartel que François Ier avait été contraint d’envoyer à Charles-Quint par suite de l’outrage reçu, déplora la durée de la guerre que ces injurieux procédés et ces provocations véhémentes perpétuaient en l’envenimant, dit qu’elle presserait son fils de délaisser ses rancunes et de se ranger à la paix, et elle requit des Barres d’inviter l’archiduchesse à en faire autant auprès de l’empereur. Non contente de cette ouverture qui ne conduisit d’abord à rien, la régente Louise de Savoie envoya coup sur coup le secrétaire d’état Bayart à Malines, la première fois pour demander formellement à l’archiduchesse son intervention pacifique, la seconde fois pour lui adresser les conditions mêmes d’un arrangement. Débattues par l’archiduchesse et par les membres de son conseil, les propositions présentées au nom de la régente ne parurent pas suffisantes pour que l’empereur les acceptât. Des changemens y furent introduits, et Marguerite d’Autriche chargea le seigneur de Rosimbos, chef de ses finances, et le secré-