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LA
COLONIE DE SAÏGON

LES AGRANDISSEMENS DE LA FRANCE DANS LE BASSIN DU MEKONG.

Il est des circonstances où l’attention se reporte sur certains incidens politiques que des événemens plus voisins et plus retentissans feraient aisément oublier. C’est ainsi qu’en voyant figurer parmi les dépenses prévues au budget de 1868 une subvention spéciale qui est destinée à l’entretien d’un corps expéditionnaire en Cochinchine, et qui se reproduira probablement dans l’avenir, on se sent amené, au milieu même d’autres complications, à étudier de nouveau la situation de l’établissement de Saigon. Il n’est pas difficile de voir que les dépenses déjà faites, sans être pourtant très considérables, ne trouvent pas encore de compensation dans les bénéfices réalisés soit par l’état, soit par l’industrie privée. L’Exposé de la situation de l’empire n’en fait d’ailleurs pas mystère, et même il classe les établissemens de Cochinchine en dehors des colonies définitivement constituées. Cet état de choses, hâtons-nous de le dire, n’a rien qui doive inquiéter ni surprendre. La prospérité d’une colonie ne s’improvise pas, et l’installation de la France en Cochinchine est de date trop récente pour que les espérances s’y soient déjà converties en réalités. On n’aurait donc qu’à attendre du temps, de la méthode, de l’esprit de suite, les résultats que l’on s’est promis, si certains incidens, certaines rumeurs répandues à Saigon ne faisaient naître d’autres sujets de préoccupation. La France, qui, en