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actuellement 5 francs 18 centimes. Il faudrait donc lui faire subir une réduction de 18 centimes, c’est-à-dire presque 5 fois plus considérables que celle qui atteindrait le souverain anglais ; mais cette réduction de la valeur de l’unité monétaire serait tout à fait insignifiante et inappréciable après un temps où l’excès d’émission en papier-monnaie a déprécié l’instrument des échanges du tiers et même de la moitié. Le nouveau dollar d’or équivaudrait exactement à 4 shillings anglais et la pièce de 5 dollars au nouveau souverain à 900 millièmes de fin. On arriverait ainsi à un instrument d’échange commun aux deux peuples anglo-saxons, qui font ensemble un chiffre d’affaires si considérable. Le dollar d’or valant 2 roupies pourrait devenir la monnaie de l’Inde anglaise, et contribuerait à restreindre les continuelles expéditions d’argent qu’exige maintenant le commerce avec l’Orient.

Bientôt sans doute les autres états civilisés demanderaient à faire partie d’une union qui embrasserait l’ouest de l’Europe, le sud de l’Asie et toute l’Amérique. L’Autriche, assure-t-on, est disposée à s’engager dans cette voie. Il lui serait facile d’entrer dans l’union, car son florin vaut environ 2 francs 48 cent. Ainsi 2 florins vaudraient notre pièce de 5 francs, à 4 centimes près. Elle n’a pas de monnaie d’or ; il lui suffirait donc de battre des pièces de 2 et de 10 florins d’or identiques à celles de l’union. Elle pourrait aussi abaisser légèrement le titre de la monnaie d’argent de façon à rentrer dans les conditions de la convention. D’autre part l’union reviendrait peut-être à la pièce belge de 2 francs 50 centimes, qui alors correspondrait exactement au florin autrichien. Puisque l’Autriche doit passer du régime d’un papier-monnaie déprécié aux paiemens en espèces, un changement lui serait facile. L’assimilation du thaler prussien présenterait des difficultés plus grandes ; mais le napoléon d’or circule déjà en grande quantité en Allemagne, et les avantages qu’il présente sont si appréciés qu’un congrès d’économistes de ce pays en a récemment recommandé l’adoption, de sorte que même de ce côté on pourrait espérer un rapprochement. En Espagne, nous trouvons le doublon de 100 réaux valant 25 francs 84 centimes. Ici encore il faudrait opérer une réduction à peu près aussi importante que pour le dollar américain. L’Espagne n’aurait qu’à suivre l’exemple de ses anciennes colonies de l’Amérique du Sud, le Chili, l’Equateur, la Nouvelle-Grenade, qui ont tout simplement introduit chez elles la pièce de 5 francs divisée en 100 centimes. Le réal serait ramené à 25 centimes, et 4 réaux vaudraient 1 franc. L’Espagne pourrait ainsi accepter facilement la convention du 23 décembre dans toutes ses parties. Ses relations d’affaires avec la France et même ses transactions