Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 68.djvu/631

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérieures y trouveraient un grand avantage, car actuellement l’écu de 5 francs circule abondamment de l’autre côté des Pyrénées, quoiqu’il ne corresponde pas exactement aux valeurs de compte du pays. Le Portugal pourrait aussi entrer dans l’union en abaissant la valeur de l’unité monétaire. Le milreis portugais vaut depuis 1856 5 francs 60 centimes ; il faudrait le ramener au taux du dollar d’or. La Russie même est moins éloignée du système français que l’Espagne et le Portugal. La demi-impériale de 5 roubles vaut 20 francs 66 centimes. En enlevant au rouble pour 13 centimes de métal fin, la demi-impériale équivaudrait au napoléon d’or. La Russie étant réduite comme l’Autriche à une monnaie de papier notablement dépréciée, cette réduction pourrait s’accomplir sans apporter aucun trouble dans les transactions et sans même que personne s’en aperçût. Pour le moment, ce ne serait qu’une réforme théorique ; mais elle porterait des fruits quand la Russie reprendrait les paiemens en argent.

La réduction plus ou moins forte, que la plupart des gouvernemens devraient faire subir à leur unité de compte ne peut être considérée comme un obstacle. Là où elle serait légère, personne ne s’en plaindrait. En très peu de temps, la nouvelle monnaie de l’union remplacerait l’ancienne. Les réductions opérées dans ces dernières années en Hollande, aux États-Unis, dans les républiques espagnoles, n’ont soulevé aucune difficulté. En Italie, la livre piémontaise, c’est-à-dire le franc, s’est naturalisée avec une étonnante rapidité dans toute la péninsule. Les anciennes pièces d’or du Piémont circulaient en France sur le même pied que les napoléons. Dans les pays où la réduction aurait une importance véritable, comme en Portugal, il conviendrait, pour ne pas léser les créanciers, d’établir un tarif de conversion de la monnaie ancienne en monnaie nouvelle, tarif qui servirait de base au paiement des dettes antérieures à la réforme. C’est ce qu’on a fait en France lorsqu’on a substitué le franc à la livre. De cette manière les exigences les plus rigoureuses seraient satisfaites.

Il est une autre objection qu’on a soulevée en Angleterre. Comme on y attache un grand prix à la perfection du monnayage, on a dit qu’il serait imprudent d’admettre dans la circulation des pièces fabriquées d’après des procédés moins rigoureux que ceux usités à la Monnaie britannique. À cette objection, il y a d’abord à répondre que les pièces d’or françaises ne sont pas moins bien fabriquées que les souverains anglais, et ensuite qu’il y a un remède fort simple au danger qu’on signale. Il est facile de vérifier le titre des pièces émises par les différens états de l’union. Celles fabriquées par l’un d’eux étant reconnues imparfaites, il serait averti d’avoir