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à donner plus de soin au monnayage. S’il ne voulait ou ne pouvait pas se conformer aux prescriptions de la convention, il serait exclu de l’union, et ses pièces frappées d’interdit. Un article formel serait adopté à cet effet.


III

Nous avons indiqué les concessions que devraient faire les pays étrangers en modifiant la valeur de leur unité monétaire. La France de son côté devrait se décider à en faire une, très importante il est vrai, mais réclamée à la fois et par ses alliés et par la grande majorité des économistes. Il faudrait qu’elle renonçât franchement au système du double étalon pour adopter le système anglais de l’étalon unique d’or. Sans doute l’union monétaire peut s’établir au moyen des pièces d’or internationales, chaque pays restant libre de traiter l’argent comme monnaie de compte ou comme billon ; mais l’intérêt même de la France lui commande de renoncer spontanément au double étalon. Ce système, je le sais, est encore défendu par des écrivains dont l’autorité est grande et qui font valoir des argumens très sérieux. D’abord, disent-ils, quand un pays à les deux métaux pour agens de la circulation, toutes choses égales d’ailleurs, il sera toujours mieux fourni de monnaie. L’or devient-il rare, restera l’argent ; l’argent au contraire gagne-t-il en valeur, et par suite s’exporte-t-il, l’or viendra le remplacer. Il s’établira ainsi une sorte de compensation. Les prix hausseront, il est vrai, d’une manière plus sensible au bout d’un certain temps, parce que le double étalon est plus exposé à s’avilir, mais ils seront moins sujets à ces fluctuations brusques que la rareté du métal privilégié leur imprime dans les états à étalon unique. Dans sa remarquable déposition devant la commission d’enquête au sujet des banques, déposition qui forme un traité complet de la matière si difficile de la circulation, M. Wolowski s’est servi d’une image qui rend bien compte de l’avantage relatif du double étalon. Il le compare au pendule des horloges de précision qu’on fait aussi de deux métaux, afin que, l’inégale dilatation des deux corps faisant compensation, le mouvement soit plus régulier.

On a dit encore qu’avec l’emploi simultané de l’or et de l’argent les banques pouvaient mieux défendre leur encaisse et échapper ainsi à la nécessité d’élever le taux de l’escompte. Est-ce l’or que le commerce veut exporter ? La banque ne paie ses billets qu’en argent. Est-ce au contraire l’argent ? Elle ne donne que de l’or. Nous n’examinerons pas ici ce qu’il peut y avoir de vrai dans ces deux argumens. Cela exigerait une analyse longue et délicate ; mais, même