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L'ANGLO-CATHOLICISME

Eiremcon, par M. le Dr Pasey ; Londres 1866.

La France souffre en ce moment d’une étrange maladie. Une paralysie d’une nature inconnue semble arrêter en elle l’essor des plus hautes facultés. On dirait que la vie du corps est son unique souci. Dans ce milieu délétère, que sont devenues les croyances religieuses ? Ceux qui auraient dû être les champions de la pensée et de ses droits se sont déclarés ses adversaires les plus acharnés. Défenseurs prétendus de la cause de Dieu, tous les jours ils attaquent Dieu lui-même dans la plus belle de ses œuvres, la liberté et la raison humaines. A côté du matérialisme des économistes, un mal plus mortel encore pour l’âme est venu nous affliger, l’ultramontanisme. Le catholicisme gallican, cette antique forme de l’église de France, serait-il menacé d’une inévitable ruine ?

Sous l’influence de causes toutes différentes, le protestantisme anglican semble, lui aussi, menacé d’une perte prochaine. L’état depuis deux siècles était son guide et son pilote, et voilà qu’aujourd’hui, le cœur plein de révolte, l’église d’Angleterre cherche à secouer cette autorité. Dans la détresse de leur foi, beaucoup de ses membres abandonnent les vieilles croyances des Cranmer et des Ridley ; ne sachant où se prendre, ils se laissent aller au double courant qui entraîne les peuples, les uns vers Rome, les autres vers le rationalisme et ses horizons inconnus. Et pourtant tous n’ont pas encore désespéré. Devant le flot qui monte, des hommes courageux ont essayé d’élever une forte digue. Ont-ils réussi ? A l’avenir seul il appartiendra de prononcer. Ce qui est certain, c’est que de leurs