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Rapport du nombre des naissances (déduction (dite dit mort-nés) à la population.


Pays Années Nombre des naissances pour 10,000 habitans
Saxe 1861 410
Autriche 1857 409
Prusse 1861 374
Espagne 1860 365
Écosse 1861 349
Grande-Bretagne 1861 347
Bavière 1861 344
Hanovre 1861 334
Hollande 1858 322
Belgique 1861 304
France 1861 268

La France est donc la nation la moins favorisée sous le rapport de la natalité ; la Belgique, qui possède à peu près notre organisation civile et militaire, la précède de peu, mais la précède, bien que la population agglomérée sur son étroit territoire soit la plus dense de l’Europe, ce qui à la rigueur peut être considéré comme un obstacle à l’accroissement. L’Angleterre, la Prusse, l’Autriche et la Saxe occupent le premier rang. Si, comme ces peuples, nous eussions compté en 1850 une naissance sur 26 ou 27 habitans, notre déficit pour 1861 eût été de 579,600 par rapport à l’Angleterre et de 432,857 par rapport à la Prusse, c’est-à-dire qu’au lieu d’un million d’enfans environ il eût dû nous en naître plus de 1,400,000.

Il faut le reconnaître et le proclamer bien haut, car le danger est grave, le chiffre des naissances diminue en France dans des proportions considérables. On ne peut plus contester le fait, mais on a cru pouvoir en contester la signification. Qu’importe, ont dit quelques économistes, si la France, tout en procréant moins d’enfans que les nations les plus favorisées en apparence, en perd un moins grand nombre et en élève davantage à l’état adulte ? Ce raisonnement, s’il était fondé, serait assez concluant. Par malheur, ceux qui nous veulent endormir dans cette fatale quiétude n’ont à l’appui de leur thèse que deux faits incomplètement étudiés : la proportion plus grande du nombre des adultes par rapport au nombre des enfans et l’accroissement notable de la vie moyenne. A quoi dans la réalité se réduisent ces faits, et quelle en est la portée ? C’est ce qu’il faut d’abord examiner.

Les recensemens que la plupart des gouvernemens de l’Europe font opérer à des époques différentes, mais généralement fixes et régulières pour chaque puissance en particulier, ont permis de savoir dans quelle proportion d’enfans, d’adultes et de vieillards