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pas à dédaigner, il le résout au profit de l’homme lui-même, en donnant un utile emploi à des résidus dangereux ou incommodes.

Considérons le sol d’ une grande cité où s’épanchent toutes les causes d’infection, résidus des fabriques, immondices des hommes et des animaux, eaux ménagères. Voilà ce qu’il faut faire disparaître et convertir, s’il est possible, en matière fécondante, sans que l’odorat ni la vue en soient gênés. La difficulté d’y réussir dépend beaucoup des circonstances locales, telles que la pente et la nature du terrain, l’abondance des eaux pures et la sécheresse du climat. En exposant d’abord le principe de la méthode qu’une nouvelle école sanitaire a fait prévaloir en Angleterre, nous ferons mieux comprendre le but que l’on doit se proposer. On se rendra compte ensuite des inévitables obstacles auxquels on vient se heurter, quand on veut appliquer ce système à des cas particuliers.

Ce principe n’est autre que le drainage, dont on n’a guère fait jusqu’à ce jour l’application qu’aux terres en culture, et encore sur une échelle trop restreinte. Le drainage est de mode le plus efficace d’assainir le sol des villes, Non-seulement il assèche le terrain en rétablissant le cours des eaux qui l’imbibent, mais encore il permet à l’air de circuler dans les couches souterraines et d’y détruire par une combustion lente les germes de pourriture qui s’y accumuleraient. En Angleterre, on a proclamé la nécessité de drainer d’une façon systématique les surfaces occupées par des constructions ; à Glasgow, on ne bâtit plus une maison sans en avoir au préalable drainé le sous-sol. Le drainage sous les maisons tarit les nappes d’eau souterraines, préserve les caves et la maçonnerie des fondations, et combat avec succès l’humidité excessive qui rend souvent les rez-de-chaussée inhabitables. Dans les cimetières, la décomposition des corps s’en trouve favorisée ; les odeurs pénétrantes que les tombeaux exhalent deviennent moins actives, et par conséquent la salubrité du voisinage est améliorée. Les alentours des dépôts d’immondices, des puisards et des conduites de gaz d’éclairage perdent l’indicible odeur qui les signalait. C’est en résumé un procédé d’aérage qui pénètre jusqu’aux couches sous-jacentes du terrain. La même méthode d’assainissement appliquée aux jardins publics en raffermit la surface au grand avantage des promeneurs[1]. Les arbres qui les ornent en prospèrent aussi d’autant mieux. Chacun sent combien il est nécessaire d’entretenir de

  1. On peut juger d’après l’état où se trouve par exemple le jardin des Tuileries à Paris, à la suite d’une pluie abondante, de l’utilité qu’il y aurait à donner aux eaux un rapide et facile écoulement. Les plantations publiques de la ville sont asséchées par des moyens particuliers et même drainées, lorsque la nature du sol l’exige. Il n’en es, pas de même des Tuileries et du Luxembourg, qui ne sont pas du ressort de l’administration municipale.