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la végétation au sein des villes pour reposer la vue, purifier l’atmosphère et enlever au sol les principes altérables qu’il contient ; mais la difficulté de faire vivre des arbres dans un sol compacte et mal aéré a souvent mis obstacle aux améliorations de ce genre.

Il ne s’agit jusqu’ici que de tuyaux perméables ayant pour but de recueillir les eaux plus ou moins pures dont le terrain est naturellement imbibé, ou, si l’on veut, d’égoutter le sol et d’y faire circuler l’air. Il est indispensable en outre de consacrer un réseau de tuyaux imperméables à l’écoulement des eaux corrompues dont le pavé de la rue veut être débarrassé. Nos égouts actuels ne sont que l’ébauche de ce que devrait être ce second système de tuyaux, qui est la partie vraiment neuve du système. En définitive, nous en arrivons à distinguer deux sortes de drainage : le drainage perméable pour les eaux saines, et le drainage imperméable pour les eaux insalubres. Si l’on veut bien saisir l’agencement de cette nouvelle méthode d’assainissement, il convient de considérer comment elle serait appliquée au cas presque idéal d’une ville où tout serait à faire. C’est ce que nous allons exposer.

Le système complet se compose de quatre réseaux distincts de conduites souterraines. Le premier réseau, qui est perméable, va recueillir les eaux pures et douces qui filtrent dans la campagne en dessous des couches de sable et de gravier ; il les amène dans la ville par un tuyau fermé et les distribue à chaque maison, en sorte que chaque habitant trouve la source elle-même transportée chez lui. Plus de citerne, plus de réservoir ; l’eau arrive quand on en a besoin, cesse de couler quand elle n’est plus utile ; une simple manœuvre de robinet en arrête ou en rétablit le cours. Cette eau, on l’a déjà compris, va devenir le véhicule de toutes les impuretés que la cité produit. Quand elle s’est enrichie, — autrefois nous aurions dit empoisonnée, mais nous avons changé de point de vue, — par les résidus de tout genre que la population lui abandonne, elle échappe par un second réseau de tubes souterrains ; ceux-ci sont imperméables, afin de ne rien perdre en route des substances fécondantes que le liquide entraîne. En chaque habitation s’entrouvrent plusieurs orifices, l’un pour la fosse d’aisances, l’autre pour la pierre d’évier, un troisième pour les eaux de lavage de la cour et de l’appartement. Tous ces tuyaux rudimentaires s’abouchent sur un plus gros qui est commun à tout un groupe de maisons, puis celui-ci communique avec un plus gros encore, sorte d’égout collecteur à petite section, qui conduit hors ville les élémens nuisibles noyés dans une immense quantité d’eau. Rien d’impur ne souille plus la chaussée des rues et ne pénètre plus à travers les interstices du pavé, Les matières susceptibles de choquer l’odorat, de corrompre l’atmosphère, d’engendrer la maladie, sont enlevées par le courant