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ondes de toute forme, elle ne saisit point le lien entre une telle cause et de tels effets.

M. Helmholtz a cherché l’explication du timbre dans un phénomène déjà connu depuis longtemps, mais qu’on n’avait pas, avant lui, suffisamment approfondi. Supposez une corde vibrante, une corde de piano, par exemple, accordée à une certaine note ; nommons cette note le son fondamental. Écoutez bien pourtant, et chacun peut faire aisément cette expérience, le son rendu par la corde pendant qu’elle vibre pleinement : vous entendrez bientôt avec un peu d’attention deux ou trois notes beaucoup plus hautes, beaucoup plus faibles, qui semblent comme des échos lointains de la note fondamentale. Il semble que la vibration de la corde visible fasse vibrer sympathiquement des cordes invisibles ; de ces cordes invisibles, la première, comme si elle était plus petite de moitié, vibre deux fois plus vite ; la seconde, trois fois plus petite, vibre trois fois plus vite ; une autre, quatre fois plus petite, quatre fois plus vite, et ainsi de suite. A la voix principale répondent des voies lointaines, effacées, de plus en plus hautes : en exerçant bien l’oreille, on arrive à entendre toujours au-dessus des notes simples le chœur des notes harmoniques ; tel est le nom que donnent les physiciens à ces sons qui correspondent à des nombres de vibrations deux, trois, quatre, cinq fois plus grands que celui du son fondamental.

Cependant ces cordes invisibles ne sont, on l’a compris, qu’une pure hypothèse ; dans la réalité, c’est la corde matérielle vibrante qui, spontanément, librement, se subdivise en deux, trois, quatre, cinq parties, après avoir produit sous la première impulsion et dans l’universalité de cet ébranlement le son fondamental. Les parties continuant à vibrer comme des cordes distinctes donnent la série des sons harmoniques[1]. Toutes ces vibrations se superpo-

  1. La gamme est composée de sept sons principaux : la tonique, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septième ; l’octave, qui fait suite, recommence la même série d’intervalles. Les deux tons majeur et mineur se distinguent en ce que l’intervalle de la tierce est différent dans ces deux gammes ; la tierce est alors dite ou majeure ou mineure. Prenons un exemple pour mieux faire comprendre ces termes ; je suppose la gamme en ut :
    ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut.

    La tierce est la troisième note, mi, la quinte est la cinquième note, sol. L’intervalle de la tierce majeure est celui d’ut à mi ; l’intervalle de la tierce mineure, un peu moindre, est celui d’ut à mi bémol ou mi diminué. La série des sons harmoniques comprend l’octave aiguë, la quinte de cette octave, les deux notes parasites que des oreilles peu exercées entendent le plus facilement, la double octave, la tierce majeure et la quinte de la double octave. Après ces six notes s’offre une note dissonante qui provient de la division spontanée de la corde en sept parties : quand cette note se fait encore entendre, elle donne au son quelque chose de strident. Sur les trois notes qui