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le clavier de l’appareil auditif a recueilli toutes ces vibrations que produit et enchaîne un même mouvement ondulatoire, la synthèse se refait dans le centre nerveux où aboutit le nerf acoustique, et les sensations multiples se confondent en une seule impression.

Il est permis de dire que, malgré sa sensibilité ou plutôt en raison même de cette sensibilité, l’oreille n’est pas l’appareil le mieux approprié à faire systématiquement l’analyse des sons ; elle ne peut déceler sûrement, ni classer dans un son complexe toutes les notes composantes. Il est rare que la physique puisse s’en fier à l’observation directe des sens ; il faut qu’elle trouve des appareils où les phénomènes se simplifient, de telle sorte qu’on puisse étudier un à unies élémens qui les constituent.

Si le physicien veut opérer à son gré la décomposition de tous les sons, il faut donc qu’il dispose d’un appareil qui remplisse deux conditions essentielles. Son instrument doit laisser entendre une note simple, et il ne doit laisser entendre aucune des notes qui l’enveloppent ou la dominent dans le son composé. C’est ce problème délicat que M. Helmholtz a heureusement résolu, et voici de quelle manière.

Tous les sons, on l’a dit, ne sont pas également riches en notes élémentaires. Si les cordes vibrantes sont extraordinairement fécondes en harmoniques, la plupart des corps rendent des sons beaucoup moins complexes. À ce nombre appartiennent les membranes tendues, les verges métalliques, les diapasons. Leur pauvreté acoustique peut encore être augmentée, si on les met en communication avec une boîte creuse dont la résonnance propre enfle une seule note au détriment des autres.

Tout le monde sait qu’on enfle le son fondamental d’un diapason et qu’on étouffe les notes discordantes en le plaçant sur une caisse sonore de dimensions convenables. Dans ces conditions, le diapason ne fait plus entendre qu’une note élémentaire dégagée de toute note parasite. Une membrane tendue sur un tambour agit de même façon. La résonnance du tambour ayant pour effet d’enfler une note et d’étouffer les autres, un tel appareil peut donc servir à déceler, en y faisant écho, la note maigre et toujours simple qu’il produit par lui-même ; il entrera forcément en branle dès que l’air lui apportera le mouvement qui lui convient, car rien de plus contagieux et de plus sympathique que l’ébranlement sonore. Que dans ces circonstances une membrane ou un diapason vibre spontanément, c’est un fait d’expérience presque vulgaire. Donnez un coup d’archet sur une corde, et je flux de l’air tirera bientôt comme un soupir d’une corde voisine accordée à l’unisson. Soulevés les marteaux d’un clavier et chantez une note avec force ; le clavier répondra.