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comme ces interdits à qui le code inflige l’assistance d’un conseil judiciaire. Notons d’ailleurs que cette combinaison ne remplit pas le principal objet qu’elle avait en vue, et qui était de mettre à couvert la responsabilité de l’état, car il reste en butte aux petites avanies de détail, accompagnement obligé de ces grandes cohues d’hommes et d’intérêts.

Plus on y réfléchit, moins on comprend les motifs qui ont déterminé la commission impériale à former cette société en participation. Ne faut-il y voir que la crainte d’être à court de fonds pour les services financiers ? Il y aurait eu, le cas se présentant, d’autres moyens et des moyens plus sûrs de se procurer des avances, un virement, par exemple, qui plus tard eût été couvert par les recettes, ou tel autre expédient de trésorerie facile à suggérer. Tout eût mieux valu pour les besoins d’urgence que ces engagemens conditionnels d’une réalisation incertaine et lente. Ce n’a donc point été là un motif déterminant. Serait-ce plutôt le désir d’associer au succès de l’exposition les hommes et les établissemens qui déjà en faisaient les principaux frais ? Ce calcul eût porté à faux ; un surcroît de charges refroidit plus qu’il ne réchauffe l’ardeur de ceux à qui on l’impose. En réalité, il n’y avait dans ce concours éventuel d’autre avantage démontré que de faire peser, le cas échéant, sur d’autres caisses que celles de l’état les conséquences d’un échec ; mais alors quel concert de plaintes ! Voit-on d’ici l’accueil réservé à cette manière de prendre congé des gens ? Beaucoup de souscriptions stipulent des sommes assez fortes, quinze, vingt, vingt-cinq mille francs : les signatures ont été facilement données ; en serait-il de même de l’argent, si on en venait aux rentrées ? A coup sûr il y aurait des récalcitrans, ne fût-ce que dans un accès de mauvaise humeur, et il faudrait intenter des poursuites. Quelles plaidoieries alors ! On se les figure, et transiger avec un seul serait transiger avec tous. De quelque façon qu’on s’y prenne, le droit d’examen s’ouvrirait dès la première demande de recouvrement, et les faits de gestion seraient passés à un crible sévère : on chercherait à qui s’en prendre de ces dommages privés, et si une rupture diplomatique en était cause, on ne manquerait pas de dire avec le poète latin que ce sont les sujets qui souffrent quand les fois délirent.

Si j’ai insisté sur cette conception malheureuse, c’est qu’à mon sens elle est pour beaucoup dans les écarts de mise en scène qu’on peut reprocher à l’exposition. Que la commission impériale fût restée cantonnée dans les crédits que lui ouvrait la loi, sans répétition à exercer d’aucun côté, il est à croire qu’elle ne se fût pas mis l’esprit à la torture pour pousser à l’effet et forcer les recettes.