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les hommes en viendront à se battre moins souvent. Il y paraît depuis quelque temps !

Nous trouvons encore dans le livre de M. Dehérain des notices sur les savans qui sont morts pendant l’année 1866. Bour, Goldschmidt, Verdet, tels sont les trois noms principaux qui figurent dans cette revue nécrologique. — Edmond Bour est mort à la fleur de l’âge ; il n’avait pas trente-quatre ans. Il a su cependant, dans sa rapide carrière, se placer au premier rang des géomètres. Il a renouvelé l’enseignement de la mécanique. On s’occupe actuellement de publier le cours qu’il a professé à l’école polytechnique depuis l’année 1861 jusqu’à sa mort. Cette publication posthume ne peut manquer d’étendre le renom d’un savant dont les brillantes facultés n’avaient pu jusqu’ici être appréciées que dans un milieu restreint. — Hermann Goldschmidt jouissait au contraire d’un renom populaire. C’était un volontaire de l’astronomie. Peintre d’histoire, il se mit un jour à observer le ciel à l’aide d’une simple longue-vue installée dans le modeste atelier qu’il occupait. En quelques années, de 1852 à 1863, cette pauvre lorgnette enrichit la science de quatorze planètes. Huit fois lauréat de l’Institut, Goldschmidt refusa toujours de s’attacher aux observatoires officiels, et poursuivit seul, avec des ressources plus que médiocres, l’heureuse série de ses recherches. Il est mort retiré à Fontainebleau, où il partageait ses derniers loisirs entre la peinture et les observations astronomiques. — Emile Verdet, comme Bour, est mort jeune ; il était né en 1824. Il a exercé une haute influence sur le développement des sciences physiques. L’optique mathématique lui doit d’importantes recherches ; il a fécondé les beaux travaux de Fresnel. C’était surtout un professeur admirable. Esprit clair et élégant, il savait rendre abordables à ses auditeurs les questions les plus délicates de la physique. Une grande part lui revient, le public ne saurait l’oublier, dans le mouvement scientifique qu’a produit la thermo-dynamique régénérée. L’enseignement de Verdet se retrouvera du reste, au moins en partie, dans une vaste publication que préparent en ce moment sa famille et ses anciens élèves. Ce sera un véritable monument élevé à sa mémoire. On y trouvera, au milieu, de travaux inachevés, des parties complètement terminées, comme les Leçons d’optique et les Leçons sur la théorie mécanique de la chaleur.

Les indications que nous avons pu donner ne permettent guère d’apprécier la variété et la valeur des renseignemens contenus dans le volume de M. Dehérain. Le style en est généralement simple et ferme, comme il convient à un livre de cette nature. Cependant nous trouvons çà et là, chez quelques-uns des collaborateurs de M. Dehérain, je ne sais quelle affectation de langage qu’il serait utile de combattre. Nous ouvrons, par exemple, un chapitre relatif aux inondations ; on y décrit le régime des différens fleuves de la France, et nous lisons : « Enfant sauvage des glaciers, le Rhône n’a pas les longueurs décevantes et perfides des rivières tout à fait