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de fécondation végétale. Nous devons surtout mentionner quelques pages, écrites sur la pêche des baleines à l’occasion d’un livre de M. le docteur Thiercelin. La pêche de la baleine est en décadence dans nos ports, et M, Thiercelin estime que cet état de choses est dû en partie à l’imperfection des engins dont se servent les baleiniers ; il leur propose en conséquence un nouveau système d’attaque. Au moment où nous perfectionnons si fort les moyens de tuer les hommes, c’est bien le moins que nous améliorions un peu les armes destinées à tuer les baleines.

Jusqu’ici, la méthode usitée pour attaquer les gros cétacés est des plus primitives et des plus dangereuses. Une pirogue vient se placer à quelques métrés de l’animal, et lui lance un harpon qui pénètre dans les chairs ; mais ce n’est là qu’une opération préliminaire, une manière d’accoster l’ennemi ; on tient le cétacé au bout d’une ligne, il faut alors lui faire à la lance dix, vingt blessures avant de le vaincre. On conçoit les difficultés et les périls d’une pareille manœuvre. L’animal plonge quelquefois à une grande profondeur, entraînant la corde qui le retient prisonnier, ou bien il fuit rapidement, emportant la pirogue qui passe comme une flèche à travers les lames. Le cachalot, plus brave que la baleine, se retourne parfois contre les assaillans et saisit l’embarcation dans ses mâchoires gigantesques. Les Américains ont depuis plusieurs années, introduit dans la pêche des cétacés un procédé nouveau ; ils ont remplacé la lance par un projectile explosif qu’ils envoient à l’aide d’un fusil. Toutefois les blessures qu’ils font ainsi sont encore trop faibles pour tuer rapidement l’animal, et la proie s’échappe, si elle n’est pas tenue par une ligne ; le procédé américain ne dispense donc pas de la première attaque par le harpon. M. Thiercelin s’est attaché à rendre pratique une idée déjà ancienne. Il empoisonne la baleine. Il lui lance à l’aide d’une arme à feu un projectile contenant une substance toxique. L’animal étant tué promptement, l’amarrage est désormais inutile et l’attaque peut se pratiquer de loin. C’est ce qu’a pu constater le bâtiment le Gustave dans une campagne qu’il a faite avec les engins nouveaux, et dont M. Thiercelin a rendu compte dans le Journal d’un Baleinier. À ces récits de pêche, M. Meunier mêle de jolis détails sur les mœurs des cétacés. A côté des tableaux de combat se trouvent des esquisses de vie domestique, celle-ci par exemple. « C’est dans les baies que les baleines mettent bas. Avant qu’elles n’y entrent, les mâles viennent y faire une tournée ; ils passent une sorte d’inspection, vont, viennent, puis disparaissent. Quelques jours après, les femelles arrivent, cherchent un haut fond de sable, un bon nid. Le petit, à peine né, nage autour de sa mère. Celle-ci, pour lui donner le sein, se place sur le côté de manière que le mamelon affleure l’eau. »

La question qui tient la plus grande place dans les préoccupations et dans le livre de M. Meunier, c’est la génération spontanée. Nous en dirons quelques mots pour terminer cet examen des deux annuaires scientifiques