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se gouverner elle-même. Les habitans des dithmarschen, d’où était l’historien Niebuhr, prétendent n’avoir jamais perdu leur liberté antique depuis le temps héroïque de la Germanie. L’ouvrier lui-même ne veut travailler que douze heures par jour, de six heures du matin à six heures du soir.

Bien différent du Slesvig-Holstein, le Hanovre est un pays pauvre et peu peuplé. Sur 3,800,000 hectares, il n’y a que 1,500,000 hectares de terre arable ; le reste est bruyères ou prairies et bois de qualité médiocre. Il n’avait en 1864 que 1,924,000 habitans, ce qui fait 50 par kilomètre carré, tandis que la moyenne pour la nouvelle Prusse est de 67 et pour la France de 68. Il possédait en 1862 214,000 chevaux, 950,000 bêtes à cornes, 2,212,000 moutons et 554,000 porcs, ce qui revient à une tête de gros bétail par 2 hectares 1/2 et par 1,3 habitant, proportion très élevée et qui prouve que la population a su tirer bon parti d’un sol rebelle. En Hanovre, la propriété est beaucoup plus divisée qu’en Prusse. On compte 350,000 propriétaires, la plupart cultivant leurs propres terres. Les biens nobles, rittergüter, ne comprennent que 120,000 hectares. Les domaines inférieurs à 60 hectares couvrent la moitié de la superficie. Les parcelles de moins de 4 hectares n’en prennent que 10 pour 100. La moitié de la population est employée aux travaux des champs, et les trois quarts y résident. Dans la portion méridionale du pays, qui est montagneuse, des mines importantes sont exploitées. Elles produisent environ par an 60,000 tonnes de métaux divers et 300,000 tonnes de charbon, d’une valeur totale de 11 millions de francs. Le Hanovre était l’état le moins imposé de l’Allemagne. Sur les 20 millions de thalers formant les recettes du budget, il n’y en avait que 7 1/2 qui provinssent des impôts, ce qui faisait 15 francs par tête. En France, on paie trois fois et demie plus. Dans ce pays exceptionnel, le sel échappait à l’impôt ; c’est tout dire. Le Hanovrien a les qualités solides de l’homme du nord ; il est loyal, honnête, persévérant, bon travailleur et bon soldat, comme il l’a montré encore récemment à Langensaltza. Ce pays fournira 19,000 hommes à l’armée prussienne.

La Hesse électorale, avec 737,000 habitans sur 951,700 hectares, est un pays peu prospère malgré l’aspect agréable de sa capitale, Cassel, fière de ses belles promenades et de son riche musée si peu connu[1]. La population y était presque stationnaire :

  1. Les princes de ce petit état avaient la manie des palais. Cassel en est rempli. Il y en a un dont on n’a jamais pu achever le premier étage et qui offre l’aspect d’une ruine au centre de la ville. Le château et le parc de Wilhelmshöhe sont une des merveilles de l’Allemagne. La construction de ces imitations de Versailles n’était pas faite pour augmenter le bien-être des sujets.