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depuis 1855, elle n’augmentait que de 0,13 par an. Les naissances présentaient un excédant marqué sur les décès ; mais l’émigration enlevait chaque année un assez grand nombre de familles, fatiguées de vivre sous un gouvernement détestable qui étouffait l’esprit de liberté et d’entreprise. Les gens de la campagne ont un aspect misérable, triste et résigné. La contrée est toute coupée de hauteurs ordinairement couvertes de bois et bordant des vallées assez fertiles. L’étendue boisée est plus considérable que celle qu’occupent les terres arables, chose rare et indice certain d’une région où la culture est encore peu productive. Aussi ne retrouve-t-on plus ici les beaux chevaux du Hanovre ; les chariots sont traînés par de petites vaches ou de maigres haridelles. Le bétail est toutefois assez nombreux ; il consistait en 51,300 chevaux, 225,000 bêtes à cornes, 561,000 moutons et 150,000 porcs, ce qui revient à une tête de gros bétail par 2 hectares et 1/2 et par deux personnes environ. Le nombre des propriétaires doit être à peu près de 150,000. La production minérale est représentée par un peu de charbon et de fer et par beaucoup de lignite, combustible très employé dans les villes à cause du bas prix de revient. Ce petit pays, naguère gouverné, contrairement aux vœux des habitans, par un prince affolé d’idées absolutistes, gagnera certainement par son annexion à la Prusse, qui lui communiquera le ressort, l’esprit d’entreprise et la confiance en l’avenir.

Le Nassau, arrosé par le Rhin et par son pittoresque affluent la Lahn, offre l’aspect d’une grande prospérité. Quoique les bois qui couronnent les hauteurs occupent presque la moitié de la superficie du pays, la population y est très dense : elle s’élève à 466,000 habitans sur 469,000 hectares, ce qui fait 99 par kilomètre carré. Il faut que le pays soit bien cultivé pour nourrir tant de monde. La propriété est assez divisée, car on compte plus de 50,000 propriétaires, soit 1 par 9 hectares ; néanmoins le chiffre du bétail est extrêmement satisfaisant, puisqu’on trouve 13,000 chevaux, 267,000 bêtes à cornes, 169,000 moutons et 69,000 porcs, ce qui représente 256,000 têtes de gros bétail, ou 1 tête par 1,8 habitant et par 1,8 hectare, proportion plus élevée qu’aucune de celles que nous avons rencontrées jusqu’ici. La production minérale monte à une dizaine de millions de francs. Les meilleurs vins du Rhin mûrissent sur les bords de ce fleuve, et les voyageurs, attirés par les eaux célèbres de Wiesbaden, d’Ems, de Schwalbach, Schlangenbad, Wielbad et Selters, contribuent à augmenter l’aisance de la population. Quoique celle-ci soit déjà très dense, elle augmente encore, de 1 pour 100 par an. Les impôts étaient peu élevés, et ne dépassaient pas 17 francs par tête.