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LA

POÉSIE PAÏENNE

EN ALLEMAGNE AU XIXe SIÈCLE

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FRÉDÉRIC HŒLDERLIN

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Il n’y a pas dans l’histoire d’arrêt sans appel. Malgré l’admiration séculaire acquise aux chefs-d’œuvre que l’antiquité nous a légués, on pouvait croire la civilisation ancienne jugée définitivement. Cependant une réaction commencée à petit bruit il y a plusieurs années en faveur de l’hellénisme, poursuivie par des adeptes convaincus, se prononce avec plus de hardiesse. On ne se contente plus de proclamer la primauté reconnue de tout temps à la Grèce dans la sphère du beau ; on va plus loin : la morale païenne, dont les aberrations nous frappaient autrefois d’étonnement, cette mythologie qu’on nous présentait tantôt comme un délire de l’intelligence, tantôt comme les rêves enfantins d’une imagination heureuse, ces institutions considérées comme incompatibles avec le génie des nations modernes, ont non-seulement leurs admirateurs, mais encore leurs avocats. On les réhabilite au nom de la raison, on les justifie au nom de la dignité humaine. À vrai dire, de tous ceux qui ont touché à la Grèce, qui ont abordé en artistes ou en savans l’histoire de ses arts, de ses institutions, de sa religion, il n’en est presque pas un qui, bientôt enivré comme