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de marche du consul. En effet, après avoir fait équiper ses soldats pour un assaut, Manlius sortit de Gordium et s’arrêta à quelques heures de l’Olympe.

Si la situation de l’Olympe galate est incertaine, il n’en est pas de même pour les quatre Olympes de l’Ida, que Strabon place sur le versant méridional de la chaîne centrale. Ces quatre plateaux sont très bien indiqués sur la carte de Kiepert, qui a exploré lui-même toute cette partie de l’Asie-Mineure. Ils sont rangés l’un à la suite de l’autre, et la réunion des quatre montagnes forme une base sur laquelle s’élèvent la cime allongée et le pic septentrional de l’Ida. Il est évident qu’il ne faut assimiler à l’Olympe homérique aucune de ces collines. Les dieux descendent de l’Olympe à l’Ida, qui leur est comme un séjour intermédiaire entre leur demeure céleste et Troie. Rien n’indique d’ailleurs dans la topographie de l’Iliade que cette dénomination d’Olympes idéens remontât à l’âge héroïque ; elle fut imaginée plus tard, à une époque de critique où l’on voulut expliquer géographiquement tous les actes des dieux en resserrant les limites du théâtre où ils avaient agi.

Ainsi nous tenons déjà un premier résultat. En Asie-Mineure et sur le grand chemin des migrations aryennes, il n’y a réellement qu’un Olympe qui compte pour l’histoire de la religion grecque, celui-là seul que l’antiquité a bien connu, et dont elle n’a jamais perdu la notion. Les autres n’en ont été qu’une épreuve affaiblie. L’Olympe de Brousse n’a eu, parmi les sommets sacrés que la Grèce a révérés, qu’un rival, celui de Thessalie, qui, dans la suite des temps, a pris la première place ; mais il ne la dut, selon nous, qu’à la prédominance accidentelle d’une tradition toute locale.

Cet Olympe de Thessalie fut pour Hésiode le séjour des dieux. Le poète passa sa vie dans son bourg d’Ascra, au milieu d’un pays troublé par ces mouvemens de peuplades qui, à la fin de l’âge héroïque, se poussaient encore les unes les autres vers les régions du midi. Les malheurs des temps, les ennuis de la vie domestique, lui firent l’esprit sévère et triste. Aucun rayon venu de l’Orient n’éclaira la poésie du solitaire de l’Hélicon, dont la plus longue et la plus belle peinture est consacrée aux rudes hivers de la Grèce du nord. Ses idées n’allaient pas au-delà de ces hautes montagnes de Thrace et de Thessalie, dont les traditions sacrées contentaient sa curiosité. Ses divinités furent formidables, parfois monstrueuses et sans formes, jamais bienveillantes, et son Olympe fut seulement le théâtre de la colère des immortels.

La nature avait admirablement préparé cette scène de la guerre des Titans contre les dieux olympiens, ou plutôt la légende religieuse ne fut elle-même que le souvenir de ce tremblement de terre