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allusions ? Rien ne serait moins conforme aux inclinations et aux habitudes de son esprit net, très pratique, très peu disposé à se laisser intimider par les difficultés d’une controverse ou par la perspective d’une lutte. Si, pour nous détourner des tristes théories dont nous parlions tout à l’heure, M. Beulé juge suffisant d’exposer sans commentaires des principes tout différens, il n’hésite nullement dans d’autres occasions à préciser les opinions qu’il veut combattre ou les mesures qu’il entend accuser. C’est ce que prouvent de reste les pages consacrées par lui à L’École de Rome au dix-neuvième siècle et à l’examen des innovations introduites il y a quelques années dans le régime de l’Académie et de l’École des Beaux-Arts. Depuis que ces pages ont été publiées pour la première fois, l’épreuve dont elles signalaient les dangers s’est continuée, les bons résultats que l’on pouvait d’autre part attendre de cet essai de réforme ont eu le temps de se produire : qu’a-t-on obtenu en réalité et quels progrès dans les tendances, dans la marche, dans la discipline des jeunes talens, sont venus démentir les craintes ou condamner les regrets exprimés au début ? Nous n’avons garde de prétendre ranimer à ce sujet une polémique désormais inutile, puisque l’expérience, en instruisant tout le monde, a mis, nous l’espérons, tous les partis d’accord ; mais si un reste de doute subsistait encore dans quelques esprits, si un retour à la plupart des traditions abandonnées paraissait aux premiers partisans de la réforme un désaveu compromettant ou une concession à la routine, ils feraient bien, pour calmer leurs scrupules, de relire le chapitre dans lequel M. Beulé établit, preuves en main, l’autorité de ces traditions et en énumère les bienfaits. Il y a là d’ailleurs quelque chose de plus qu’un travail et des argumens tout de circonstance : il y a sur les conditions essentielles, sur la vie et la dignité de l’art dans notre pays, des enseignemens appropriés aux besoins de l’avenir aussi bien qu’aux nécessités du présent, et comme dans les autres parties du livre des considérations d’un ordre trop élevé, d’une signification trop générale, pour ne révéler chez l’écrivain qu’une tactique momentanément habile, ou pour n’exciter chez le lecteur qu’un intérêt de curiosité.

henri delaborde.

La Revue vient de perdre un de ses plus anciens et meilleurs serviteurs, M. P. Gerdès, qui avait assisté à la fondation de ce recueil en 1831 et qui ne l’avait jamais quitté. Une mort prématurée cependant a enlevé M. P. Gerdès le 6 juillet ; ceux de nos abonnés et correspondans qui étaient depuis si longtemps en relation avec lui partageront les regrets que nous inspire la perte de ce modeste et constant collaborateur.


L. Buloz.