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PROSPER RANDOCE



TROISIÈME PARTIE[1].


XVI.

Didier ne put échapper à l’interrogatoire qu’il redoutait. Ce fut M. Patru qui le reçut à son débotter. Le notaire était monté au Guard pour s’assurer si Marion avait ponctuellement exécuté les instructions de son maître, et si le petit salon cramoisi était prêt à héberger le grand homme. C’était bien à contre-cœur qu’il avait fait transporter dans ce salon les bronzes et les vases qui décoraient le cabinet de travail de Didier. Ce déménagement lui semblait de mauvais augure. Il se défiait de l’humeur généreuse du seigneur Hamlet, et commençait à craindre qu’il ne se portât à des excès de libéralité qui eussent choqué son sens juridique et ce grand principe légal qu’on doit à un adultérin des alimens, rien plus. Au moment où Didier parut, il se promenait dans le jardin, se disant : « Que ce rimailleur fasse le bon apôtre et réussisse à capter la confiance de son frère, mon gaillard est homme à se dépouiller pour lui. Heureusement je suis là, j’y mettrai bon ordre. » Il fut bien étonné de voir Didier arriver seul.

— Eh bien ! votre lion ? lui cria-t-il.

— Mon lion a été retenu à Paris par un incident imprévu, lui répliqua Didier d’un ton bref.

— Oh ! oh ! pensa M. Patru, il y a quelque anicroche dans cette affaire.

  1. Voyez la Revue du 1er et 15 juillet.