Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/705

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’élagage se faisait rez tronc et laissait à découvert une plaie qui ne se refermait pas et qui devenait souvent le siège d’un écoulement de sève, d’où résultait le dépérissement de l’arbre. Pour remédier à cet inconvénient, on imagina un système d’élagage dit élagage belge, qui consiste à couper les rejetons parasites à une certaine distance du tronc, en laissant un chicot de quelques centimètres, de façon que le tronc lui-même ne soit pas affecté. Ce procédé ne valait pas mieux que l’ancien, car il arrivait bientôt que ce chicot, n’étant plus alimenté par la sève, se desséchait et devenait une nouvelle cause de détérioration. M. de Courval eut alors l’idée de revenir à l’élagage rez tronc, mais d’enduire la plaie d’une couche de coaltar, substance peu coûteuse produite par la distillation de la houille. Cet enduit s’oppose aux écoulemens séveux, met la plaie à l’abri des intempéries et des attaques des insectes et permet à l’écorce de la recouvrir complètement après quelques années. M. de Courval applique cette méthode depuis quarante ans dans sa propriété de Pinon, et en a déjà obtenu des bénéfices considérables. M. des Cars l’a également adoptée pour son compte tout en y apportant quelques modifications de détail, et il s’est appliqué à la vulgariser par la publication d’un petit ouvrage pour lequel la société centrale d’agriculture lui a récemment décerné une médaille d’or[1]. On voit au palais du Champ de Mars, par des échantillons, les résultats des différentes méthodes d’élagage.

Nous pouvons encore étudier à l’exposition les différens procédés en usage pour la conservation des bois, procédés qui consistent tous à injecter dans le tissu ligneux un liquide antiseptique tel que la créosote où le sulfate de cuivre, mais qui diffèrent par la manière dont l’injection est pratiquée. Les uns ont recours à une simple pression qui expulse la sève, les autres font le vide dans un récipient où se trouve le bois à préparer, et y font alors pénétrer le liquide, qui est instantanément absorbé.

Un instrument que nous ne saurions passer sous silence parce qu’il est peut-être appelé à rendre de grands services et à augmenter la valeur des coupes, c’est la machine à écorcer. Personne n’ignore que l’écorce de chêne est employée au tannage des peaux, comme celle du tilleul à la fabrication des cordes ; malheureusement l’écorçage ne peut se faire qu’en temps de sève, au moment où ce liquide rend presque nulle l’adhérence de l’écorce au bois. Or il arrive souvent, surtout dans le nord, que la sève ne se met en mouvement que dans le mois de juin, et parfois même plus tard. Il

  1. L’Élagage des Arbres, par M, le comte des Cars, 1 vol. in-32.