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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/483

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Une toiture en cuivre recouvrait le temple bâti à la cime de la pyramide, et en cela l’inscription cunéiforme est venue confirmer le témoignage du biographe d’Apollonius de Tyane.

Les ruines de cet édifice, restauré si magnifiquement par Nabuchodonosor, subsistent sous le nom de Babil, qui n’est autre que celui de Babylone, car dans les inscriptions cette cité est appelée Babilou ; c’est la Babel de la Bible. Les signes idéographiques qui servent à écrire le mot prouvent qu’il signifiait porte d’Ilou, c’est-à-dire porte de Dieu. L’étymologie consignée dans la Genèse, qui explique Babel par confusion, n’a donc pas de valeur : il faut voir là une de ces interprétations forgées après coup, comme il y en a tant dans les écrits des anciens ; mais, si Babel veut dire porte de Dieu et non confusion, cela n’infirme pas pourtant la réalité de la tour elle-même et de la tradition qui s’y rattachait. Au contraire l’inscription de Borsippa dépose d’une manière éclatante en faveur de l’authenticité de cette tradition. La fameuse tour y est mentionnée sous le nom de Temple des sept Lumières de la Terre auquel se rattache le plus ancien souvenir de Borsippa. Or le nom de ce quartier de Babylone, devenu ensuite une ville à part, signifie d’après le Talmud confusion des langues, sens conforme aux données du vocabulaire assyrien. Nabuchodonosor dit que ce sanctuaire, dont M. Oppert établit l’identité avec la tour à étages décrite par Hérodote, avait été bâti par un roi antique que quarante-deux vies humaines séparaient de lui ; « mais ce roi, continue le monarque babylonien dans l’inscription de Borsippa, n’en éleva pas le faîte ; les hommes avaient abandonné les travaux depuis les jours du déluge, proférant leurs paroles en désordre… Le tremblement de terre et le tonnerre avaient ébranlé la brique crue, avaient fendu la brique cuite des revêtemens ; la brique crue des massifs s’était éboulée en formant des collines. Le grand dieu Mérodach a engagé mon cœur à le rebâtir. Je n’en ai pas changé l’emplacement. » Si M. Oppert a bien saisi le sens de ce curieux passage, la tour de Babel est ici clairement désignée, et l’inscription de la compagnie des Indes nous en fournit d’autre part la description. « Pour étonner les hommes, s’écrie le même Nabuchodonosor, j’ai refait et renouvelé la merveille de Borsippa, qui est le temple des sept sphères du ciel et de la terre. J’en ai élevé le faîte en briques que j’ai couvertes de cuivre ; j’ai plaqué de rangées alternantes de marbre et d’autres pierres le sanctuaire mystique de Nébo. » La tour où le roi babylonien avait, comme dans la pyramide, épuisé en quelque sorte tous les genres de décorations, n’a pas complètement disparu du sol ; les ruines en subsistent, ainsi que celles du tombeau de Bélus. A 12 kilomètres au sud-ouest de Hillah est un énorme massif de briques vitrifiées