Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES REPUBLIQUES
DE
L'ISTHME AMERICAIN

A travers l’Amérique centrale : le Nicaragua et le canal interocéanique, par M. Félix Belly, publié avec une carte originale du Nicaragua) 2 vol. in-8o ; Paris, Librairie de la Suisse romande, 1867.


I

Transformer le rêve de Christophe Colomb en réalité, tracer enfin la route océanique par laquelle les navires pourront voguer directement des ports d’Europe aux rivages de la Chine et des Indes, c’est là un problème qui depuis le XVIe siècle n’a pas cessé de séduire les esprits entreprenans. Les premiers navigateurs, cherchant vainement un passage, avaient pénétré dans toutes les baies de l’isthme. de l’Amérique centrale et remontera plupart des rivières ; puis, lorsqu’il devint évident que cette étrange langue de terre si gracieusement reployée entre les deux océans sur un espace de 2,200 kilomètres, si bizarrement rétrécie de distance en distance par des golfes profonds, n’en était pas moins une barrière continue, on dut songer à la franchir au moyen d’un canal de navigation. En 1528 déjà, Cortez faisait explorer l’isthme de Tehuantepec entre le golfe du Mexique et la mer du Sud pour savoir s’il lui serait possible d’y créer un détroit artificiel. Plus tard, il est vrai, lorsque la tyrannie jalouse de la mère-patrie eut si bien régularisé le commerce par le monopole que toute idée d’innovation eût été considérée comme un crime, personne n’eut la hardiesse de-proposer la construction d’un canal entre les deux océans ; d’ailleurs Philippe II