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qui ont d’ailleurs peu d’apparence, s’écartent comme pour former une place irrégulière. Ces laides constructions de brique, dont l’une est ornée d’un cadran d’horloge, sont des bureaux. De l’autre côté de la cour, se détache un petit édifice lourd et bas à un seul étage, dont quelques fenêtres sont garnies de faibles barreaux de fer ; c’est le metropolitan police office, en d’autres termes la préfecture de police, si toutefois il existe pareille chose dans la ville de Londres. Du reste nul appareil militaire, aucuns travaux de défense, pas même un factionnaire à la porte : cinquante hommes déterminés enlèveraient cette bicoque ; mais où les trouver chez un peuple qui se gouverne lui-même, et dans quel dessein les chercherait-on ? Le plus souvent quelques policemen font espalier au soleil contre un mur de planches qui s’avance sur la place en face cet office : ils attendent évidemment des ordres.

Scotland-Yard n’en est pas moins le centre d’une organisation très puissante et très efficace. Le chef de la police métropolitaine porte le titre de commissioner et doit avoir été reçu avocat. Sir Richard Mayne, qui remplit cette fonction depuis 1829, avait fait son stage à Lincoln’s Inn et était membre du barreau dès 1822. Responsable de ses actes devant le secrétaire d’état, qui à son tour est responsable devant le parlement, il jouit de pouvoirs très étendus, mais contrôlés chaque jour par l’opinion publique. Le commissioner se trouve aidé dans l’exercice de sa charge par deux assistans (assistant commissioners), qui le plus souvent ont appartenu à l’armée. L’un d’eux est aujourd’hui un ancien lieutenant-colonel et l’autre un capitaine retiré du service. C’est à leur influence qu’on attribue le cachet militaire dont a été frappée depuis quelques années une institution d’ailleurs toute civile. Le district sur lequel s’étend la juridiction de la police métropolitaine embrasse une superficie de plus de sept cents milles carrés et se partage en vingt et une divisions, dont chacune est gouvernée par un surintendant ; superintendent. Ces divisions se dédoublent en sous-divisions (subdivisions), qui se partagent en sections, lesquelles se fractionnent elles-mêmes en beats ou rondes. Ces différens cadres tracent la hiérarchie du personnel et la nature de chaque fonction. Les sous-divisions, sont surveillées par un inspecteur, les sections par un sergent, et les beats ou rondes par un policemen. Chacune des divisions se trouve au moyen du télégraphe en communication directe avec Scotland-Yard, le centre de la police, qui de son côté se relie par des fils électriques aux principales stations de pompiers (fire stations), de telle sorte qu’en cas d’incendie il suffit d’une minute (et ce n’est point ici une figure de rhétorique) pour que toutes les forces de l’un et l’autre service reçoivent